Personnages du Coran et de la Bible

Moïse (première partie)

Le premier livre de la Bible, la Genèse, nous présente plusieurs personnages qui figurent également dans le Coran, le livre saint des musulmans. Nous avons déjà examiné ensemble les histoires d’Adam, Noé, Abraham, Ismaël, Lot, Isaac, Jacob et Joseph. À travers Joseph, Dieu délivra Jacob et tous les siens de la famine de sept ans qui frappa le monde à cette époque. Compte tenu du service que Joseph avait rendu au roi et à tout le peuple égyptiens, sa famille fut accueillie avec enthousiasme en Égypte.

Le deuxième livre de la Bible, l’Exode, reprend cette histoire quelques générations plus tard et explique comment la situation des descendants de Jacob, appelés tantôt les Israélites tantôt des Hébreux, avait changé. Le personnage central de cette partie de l’histoire biblique est un homme qui, une fois de plus, paraît souvent dans les pages du Coran. Il s’agit de Moïse, que les musulmans appellent Moussa. Voici les conditions qui prévalaient à l’époque.

« Les Israélites eurent tant d’enfants qu’ils devinrent extrêmement nombreux…

Un nouveau roi commença à régner sur l’Égypte, mais il ne savait rien de Joseph. Il dit à son peuple : “Voyez, les Israélites forment un peuple plus nombreux et plus fort que nous. Il faut trouver un moyen pour limiter leur nombre. En cas de guerre, ils se joindraient à nos ennemis pour nous combattre et quitter le pays.” Les Égyptiens désignèrent alors des chefs de corvées pour accabler le peuple d’Israël en lui imposant certains travaux… Mais plus on les opprimait, plus ils devenaient nombreux et plus ils prenaient de place, si bien qu’on les redoutait. Les Égyptiens les traitèrent durement, comme des esclaves. » (Exode 1.8-13)

Alors, Pharaon, le roi d’Égypte, donna l’ordre à tout son peuple de jeter dans le Nil tout garçon hébreu nouveau-né et de ne laisser en vie que les filles.

Premières quarante années de la vie de Moïse

A ce moment la femme d’un Israélite du nom d’Amram mit au monde un garçon, qu’elle réussit à cacher pendant trois mois.

« Ensuite, ne pouvant plus le tenir caché, elle prit une corbeille en tiges de papyrus, la rendit étanche avec du bitume et de la poix, y déposa l’enfant et alla placer la corbeille parmi les roseaux au bord du Nil. La sœur de l’enfant [qui, à propos, s’appelait Miriam, ou Marie, le même nom que celui de la mère de Jésus qui vivrait des siècles plus tard] se tint à quelque distance pour voir ce qui lui arriverait.

Un peu plus tard, la fille du Pharaon descendit au Nil pour s’y baigner, tandis que ses suivantes se promenaient le long du fleuve. Elle aperçut la corbeille… et envoya sa servante la prendre. Puis elle l’ouvrit et vit un petit garçon qui pleurait. Elle en eut pitié et s’écria : “C’est un enfant des Hébreux !” La sœur de l’enfant demanda à la princesse : “Dois-je aller te chercher une nourrice chez les Hébreux pour qu’elle allaite l’enfant ?” – “Oui”, répondit-elle.

La fillette alla chercher la propre mère de l’enfant. La princesse dit à la femme : “Emmène cet enfant et allaite-le-moi. Je te payerai pour cela.” La mère prit donc l’enfant et l’allaita.

Lorsque l’enfant fut assez grand, la mère l’amena à la princesse ; celle-ci l’adopta et déclara : “Puisque je l’ai tiré de l’eau, je lui donne le nom de Moïse.” » (Exode 2.3-10)

C’est ainsi que Moïse, tout en connaissant ses origines israélites, grandit dans la cour du roi égyptien. Il bénéficia d’une vie de privilège et d’une éducation supérieure dans l’une des plus grandes civilisations de l’époque. La Bible dit en Actes 7.22 : « Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens, et il était puissant en paroles et en œuvres. »

Deuxième quarante années de la vie de Moïse

Moïse avait quarante ans lorsque sa vie subit un changement radical. Nous reprenons notre lecture en Exode 2 :

« Un jour Moïse, devenu adulte, alla voir ses frères de race. Il fut témoin des corvées qui leur étaient imposées. Soudain il aperçut un Égyptien en train de frapper un de ses frères hébreux. Moïse regarda tout autour de lui et ne vit personne ; alors il tua l’Égyptien et enfouit le corps dans le sable. Il revint le lendemain et trouva deux Hébreux en train de se battre. Il demanda à celui qui avait tort : “Pourquoi frappes-tu ton compatriote ?” – “Qui t’a nommé chef pour juger nos querelles ? répliqua l’homme. As-tu l’intention de me tuer comme tu as tué l’Égyptien ?” Voyant que l’affaire était connue, Moïse eut peur. Le Pharaon lui-même en entendit parler et chercha à le faire mourir. Alors Moïse s’enfuit et alla se réfugier dans le pays de Madian. » (Exode 2.11-15)

Moïse s’y installa et se fit une nouvelle vie. Il épousa une jeune femme nommée Séfora, avec qui il a eu deux enfants. Pendant quarante ans il a mené la vie simple d’un berger, loin du centre de pouvoir et de luxe où il avait grandi.

Moïse reçoit une mission de la part de l’Éternel

C’est lorsque Moïse avait atteint l’âge de 80 ans que tout changea pour une deuxième fois dans sa vie. Dieu l’avait maintenant préparé pour une tâche très importante. L’histoire se poursuit en Exode 3 :

« Moïse s’occupait des moutons et des chèvres de Jéthro, son beau-père, le prêtre de Madian. Un jour… il arriva à l’Horeb, la montagne de Dieu. C’est là que l’ange du Seigneur lui apparut dans une flamme au milieu d’un buisson. Moïse aperçut en effet un buisson d’où sortaient des flammes, mais sans que le buisson lui-même brûle. Il décida de faire un détour pour aller voir ce phénomène étonnant… Lorsque le Seigneur le vit faire ce détour, il l’appela du milieu du buisson. » (Exode 3.1-4)

Il lui dit qu’il avait vu comment on maltraitait son peuple en Égypte ; il avait entendu les Israélites crier sous les coups de leurs oppresseurs, et il connaissait leurs souffrances. Il était donc venu pour les délivrer du pouvoir des Égyptiens et pour les conduire vers un pays beau et vaste qu’il avait promis à leurs ancêtres. Il conclut en disant à Moïse : « Je t’envoie maintenant vers le Pharaon. Va, et fais sortir d’Égypte Israël, mon peuple. » Quarante ans auparavant Moïse croyait qu’il pourrait être le libérateur du peuple (Actes 7.25). Mais lorsque Dieu l’appela, Moïse se mit à faire des excuses. Il dit : « Je ne peux pas. » Mais Dieu dit qu’il serait avec lui. Moïse était sûr que les Israélites ne croiraient pas que Dieu l’avait envoyé, mais Dieu lui donna le pouvoir de faire des signes miraculeux pour les convaincre. Moïse dit qu’il n’était pas un orateur et avait trop de peine à s’exprimer. Dieu lui rappela que c’était lui-même qui avait créé la bouche de l’homme et qu’il pourrait rendre Moïse capable de dire ce qu’il fallait. Mais Moïse reprit :

« “Je t’en supplie, Seigneur, envoie quelqu’un d’autre !”

Alors le Seigneur se mit en colère contre Moïse et lui dit : “Tu as un frère, Aaron le lévite. Je sais qu’il est éloquent, lui, n’est-ce pas ? D’ailleurs, il est déjà en route pour venir te trouver… C’est lui qui s’adressera au peuple à ta place : il sera ton porte-parole.” » (Exode 4.13,14,16)

Moïse et Aaron retournèrent en Égypte et allèrent trouver le Pharaon et lui dirent de la part de l’Éternel de laisser partir son peuple Israël. Le roi d’Égypte répondit : « Qui est ce Seigneur à qui je devrais obéir en laissant partir les Israélites ? Je ne le connais pas et je ne vous laisserai pas partir ! » Il accusa Moïse et Aaron, en outre, de pousser les Israélites à négliger leurs travaux, et il ordonna aux chefs de corvées qui les supervisaient d’augmenter encore leur charge pour qu’ils soient trop occupés pour penser à Dieu.

Les dix plaies

C’est ainsi que l’Éternel déclencha une série de dix fléaux ou malheurs qui frappèrent l’Égypte et son roi. Dieu dit à Moïse d’ordonner à Aaron d’étendre son bâton sur le fleuve ; lorsqu’il le fit, toutes les eaux fraîches du pays d’Égypte furent transformées en sang. Mais les magiciens de la cour royale d’Égypte réussirent à réaliser le même miracle, et Pharaon endurcit son cœur pour ne pas écouter Moïse. Ensuite, Moïse dit à Aaron de tendre son bras et de diriger son bâton vers les rivières, les canaux et les étangs ; des grenouilles en sortirent et recouvrirent le pays. Mais encore les magiciens égyptiens firent de même. Pharaon fut contraint néanmoins de demander à Moïse de faire disparaître les grenouilles, après quoi il laisserait aller les Israélites. Mais lorsque le Seigneur fit mourir les grenouilles et que Pharaon vit qu’il y avait du répit, il s’entêta et ne libéra pas le peuple.

Le Seigneur dit ensuite à Moïse d’ordonner à Aaron d’étendre son bâton et de frapper la poussière du sol pour qu’elle se transforme en poux. (Certains traduisent le mot hébreu par moustique.) Cette fois-ci, les magiciens étaient incapables de faire la même chose, et ils dirent à Pharaon : « C’est la puissance de Dieu qui est à l’œuvre ! » Le Pharaon obstiné refusa pourtant de céder à la demande de Dieu.

La succession de plaies ou fléaux a donc continué : Dieu envoya sur les Égyptiens des mouches piquantes (4) ; il envoya sur leur bétail une épidémie violente et mortelle (5) ; il frappa le roi, son peuple et même les bêtes de furoncles qui évoluaient en ulcères (6) ; ensuite il fit éclater un violent orage de grêle qui détruisit des récoltes, brisa des arbres et frappa hommes et animaux qui n’avaient pas cherché un abri (7) ; le huitième fléau fut une invasion terrible de sauterelles qui recouvrèrent le sol au point qu’on ne le voyait plus – elles dévorèrent tout ce que la grêle avait laissé et il ne resta plus de verdure dans le pays (8) ; après cela une obscurité régna sur l’Égypte pendant trois jours, une obscurité si profonde qu’on pouvait la toucher et personne n’osait bouger de chez lui (9). Malgré tous ces malheurs envoyés sur une période de plusieurs mois, le roi ne se soumit pas à la volonté de Dieu.

La Pâque

L’Éternel dit alors à Moïse de donner des instructions particulières aux Israélites avant qu’il n’envoie sur les Égyptiens un dernier fléau :

« Le dixième jour de ce mois, procurez-vous un agneau ou un chevreau par famille ou par maison… L’agneau ou le chevreau qu’on prendra sera un mâle d’un an, sans défaut. On le gardera jusqu’au quatorzième jour du mois ; le soir de ce jour, dans tout le peuple d’Israël, on égorgera la bête choisie. On prendra de son sang pour en badigeonner les deux montants et la poutre supérieure de la porte d’entrée, dans chaque maison où l’un de ces animaux sera mangé. On rôtira cette viande puis, pendant la nuit, on la mangera avec des pains sans levain et des herbes amères… Telle sera la Pâque, célébrée pour moi, le Seigneur.

Pendant cette nuit, je passerai à travers l’Égypte et je ferai mourir tous les premiers-nés du pays, ceux des hommes comme ceux des bêtes… Mais sur les maisons où vous vous tiendrez, le sang sera pour vous un signe protecteur ; je le verrai et je passerai sans m’arrêter chez vous. Ainsi vous échapperez au fléau destructeur, lorsque je punirai l’Égypte.

D’âge en âge vous commémorerez cet événement par une fête solennelle pour m’honorer. » (Exode 12.3-14)

Cette fête annuelle s’appelle la Pâque. Il ne s’agit pas de la fête qui est célébrée dans beaucoup d’Églises de nos jours, mais d’une fête juive qui consistent à rappeler la délivrance des Israélites de leur esclavage.

Les Israélites, en effet, obéirent aux instructions, et Dieu fit ce qu’il avait promis : Il fit mourir tous les premiers-nés d’Égypte, aussi bien le fils aîné du Pharaon, que le fils aîné du captif enfermé dans la prison, et que les premiers-nés du bétail. Le Pharaon, en pleine nuit, convoqua Moïse et Aaron et leur dit de quitter son pays en hâte. Il en avait finalement eu assez, et il a cédé à la demande de l’Éternel. C’est ainsi que Dieu, en se servant de Moïse, accorda aux Israélites une grande délivrance.

Ce miracle a plein de signification pour les chrétiens, qui voient leur vie passée dans le péché comme une sorte d’esclavage. Le sang des agneaux sacrifiés par les Israélites, grâce auquel Dieu les épargna quand il frappait les premiers-nés, leur rappelle le sang de Jésus, qui en Jean 1.29 est appelé « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Moïse, le grand libérateur des Israélites, fait penser à Jésus, le grand libérateur de tous les hommes.

Conclusion

Mais Dieu n’avait pas fini de se servir de Moïse. Pendant quarante ans ce grand homme sera à la tête des Israélites pour les conduire et leur parler de la part de Dieu. Nous verrons la suite de l’histoire de Moïse dans notre prochaine étude.

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