Personnages du Coran et de la Bible

Joseph (première partie)

L’une des sourates les plus longues du Coran est la douzième, qui porte le nom de Yoûsouf, celui que les Bibles en français appellent Joseph. Il est considéré comme le plus noble des hommes et son histoire comme l’une des plus belles. L’étudiant de la Bible pourrait en dire la même chose. Notre dernière étude a traité l’histoire de Jacob, et nous avons souligné que la Bible, ne faisant pas de favoritisme, révèle plus d’une faute commise par Jacob, bien qu’il soit un adorateur du seul vrai Dieu. Le récit de son fils Joseph présente un homme qui, dès sa jeunesse, se comporta avec intégrité.

Le préféré de son père

Jacob avait deux femmes qui étaient sœurs, Léa et Rachel, plus deux concubines, Zilpa et Bilha, les servantes de ses femmes. Comme nous l’avons vu, Jacob aimait Rachel et avait proposé à Laban, le père de celle-ci, de travailler pour lui pendant sept ans pour avoir la main de Rachel en mariage. Laban accepta la proposition, mais au dernier moment il trompa Jacob en lui donnant la grande sœur de Rachel. Par la suite, Jacob fut obligé de servir son beau-père pendant sept autres années pour avoir celle qu’il désirait. Léa n’était donc pas aimée, mais elle donna six fils et une fille à Jacob. Comme Rachel était stérile, elle a donné à Jacob sa servante Bilha pour lui faire des enfants à sa place. (C’est la même coutume que Sara avait suivie quand elle proposa à son mari Abraham de faire un enfant avec sa servante Agar). Bilha a effectivement eu deux fils avec Jacob. Léa lui donna donc sa servante, qui lui a aussi donné deux autres fils. Finalement, Dieu eut pitié de Rachel et lui permit de prendre grossesse de Jacob. L’enfant qui est né, l’enfant si attendu de la femme préférée, fut nommé Joseph, et parmi les douze enfants, il était le plus aimé de son père, qui ne cachait pas son favoritisme. Quelques années plus tard, Rachel eut un autre fils, Benjamin ; mais elle est morte lors de l’accouchement. L’histoire de Joseph commence en Genèse 37 quand il avait 17 ans.

« Jacob aimait Joseph plus que ses autres fils… Il lui avait donné une tunique multicolore. Les frères de Joseph virent que leur père le préférait à eux tous. Ils en vinrent à le détester tellement qu’ils ne pouvaient plus lui parler sans hostilité.

Une fois, Joseph fit un rêve. Il le raconta à ses frères, qui le détestèrent encore davantage. “Écoutez mon rêve, leur dit-il : Nous étions tous à la moisson, en train de lier des gerbes de blé. Soudain ma gerbe se dressa et resta debout ; toutes vos gerbes vinrent alors l’entourer et s’incliner devant elle.” – “Est-ce que tu prétendrais devenir notre roi et dominer sur nous ?” lui demandèrent ses frères. Ils le détestèrent davantage, à cause de ses rêves et des récits qu’il en faisait.

Joseph fit un autre rêve et le raconta également à ses frères. “J’ai de nouveau rêvé, dit-il : Le soleil, la lune et onze étoiles venaient s’incliner devant moi.” Il raconta aussi ce rêve à son père. Celui-ci le réprimanda en lui disant : “Qu’as-tu rêvé là ? Devrons-nous, tes frères, ta mère et moi-même, venir nous incliner jusqu’à terre devant toi ?” Ses frères étaient jaloux de lui, mais son père repensait souvent à ces rêves. » (Genèse 37.3-11)

Joseph vendu par ses frères

Le récit continue ainsi :

« Les frères de Joseph se rendirent dans la région de Sichem, pour y faire paître les moutons et les chèvres de leur père. Un jour Jacob dit à Joseph : “Tes frères gardent le troupeau près de Sichem. Va les trouver de ma part.” – “Oui, père,” répondit Joseph. “Va voir s’ils vont bien, ainsi que le troupeau, reprit Jacob. Puis tu m’en rapporteras des nouvelles.”… Joseph partit à la recherche de ses frères et les trouva à Dothan.

Ceux-ci le virent de loin. Avant qu’il les ait rejoints, ils complotèrent de le faire. “Hé ! voici l’homme aux rêves ! se dirent-ils les uns aux autres. Profitons-en pour le tuer. Nous jetterons son cadavre dans une citerne et nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré. On verra bien alors si ses rêves se réalisent.” …

Dès que Joseph arriva près de ses frères, ils se saisirent de lui, le dépouillèrent de sa belle tunique et le jetèrent dans la citerne. – Cette citerne était à sec, complètement vide. – Puis ils s’assirent pour manger. Ils virent passer une caravane d’Ismaélites, qui venaient du pays de Galaad et se dirigeaient vers l’Égypte… Juda dit à ses frères : “Quel intérêt avons-nous à tuer notre frère et cacher sa mort ? Vendons-le plutôt à ces Ismaélites, mais ne touchons pas à sa vie. Malgré tout, il est de notre famille, il est notre frère.” Ils donnèrent leur accord… Ils tirèrent Joseph de la citerne… et le vendirent pour vingt pièces d’argent aux Ismaélites, qui l’emmenèrent en Égypte…

Les frères égorgèrent un bouc, prirent la tunique de Joseph et la trempèrent dans le sang. Ensuite ils l’envoyèrent à leur père avec ce message : “Nous avons trouvé ceci. Examine donc si ce n’est pas la tunique de ton fils.” Jacob la reconnut et s’écria : “C’est bien la tunique de mon fils ! Une bête féroce a déchiqueté Joseph et l’a dévoré.” Alors il déchira ses vêtements, prit la tenue de deuil et pleura son fils pendant longtemps. Tous ses enfants tentèrent de le réconforter, mais il refusa de se laisser consoler ; il disait : “Je serai encore en deuil quand je rejoindrai mon fils dans le monde des morts.” Et il continua de le pleurer. » (Genèse 37.12-35)

Joseph chez Potiphar

Nous retrouvons Joseph au chapitre 39, où nous lisons :

« Les Ismaélites qui avaient emmené Joseph en Égypte le vendirent à un Égyptien nommé Potiphar. Ce Potiphar était l’homme de confiance du Pharaon et le chef de la garde royale. Le Seigneur était avec Joseph, si bien que tout lui réussissait. Joseph vint habiter la maison même de son maître égyptien. Celui-ci se rendit compte que le Seigneur était avec Joseph et faisait réussir tout ce qu’il entreprenait. Potiphar fut si content de lui qu’il le prit à son service particulier ; il lui confia l’administration de sa maison et de tous ses biens. Dès lors, à cause de Joseph, le Seigneur fit prospérer les affaires de l’Égyptien ; cette prospérité s’étendit à tous ses biens, dans sa maison comme dans ses champs. C’est pourquoi Potiphar remit tout ce qu’il possédait aux soins de Joseph et ne s’occupa plus de rien, excepté de sa propre nourriture.

Joseph était un jeune homme beau et charmant. Au bout de quelque temps, la femme de son maître le remarqua et lui dit : “Viens au lit avec moi !” – “Jamais, répondit Joseph. Mon maître m’a remis l’administration de tous ses biens, il me fait confiance et ne s’occupe de rien dans sa maison. Dans la maison, il n’a pas plus d’autorité que moi. Il ne m’interdit rien, sauf toi, parce que tu es sa femme. Alors comment pourrais-je commettre un acte aussi abominable et pécher contre Dieu lui-même ?” Elle continuait quand même à lui faire tous les jours des avances, mais il n’accepta jamais de lui céder.

Un jour, Joseph entra dans la maison pour son travail, les domestiques étant absents. La femme de Potiphar le saisit par sa tunique en lui disant : “Viens donc au lit avec moi !” Mais Joseph lui laissa sa tunique entre les mains et s’enfuit de la maison. Lorsque la femme se rendit compte qu’il était parti en lui laissant sa tunique entre les mains, elle cria pour appeler ses domestiques : “Venez voir : cet Hébreu que mon mari nous a amené a voulu se jouer de nous ! Il est venu ici pour abuser de moi, mais j’ai poussé un grand cri. Dès qu’il m’a entendue crier et appeler, il s’est enfui de la maison, en abandonnant sa tunique à côté de moi.”

Elle garda la tunique de Joseph près d’elle jusqu’au retour de son mari. Elle lui raconta la même histoire : “L’esclave hébreu que tu nous as amené s’est approché de moi pour me déshonorer. Mais dès que j’ai crié et appelé, il s’est enfui en abandonnant sa tunique à côté de moi.” Lorsque le maître entendit sa femme lui raconter comment Joseph s’était conduit avec elle, il se mit en colère. Il fit arrêter et enfermer Joseph dans la forteresse, où étaient détenus les prisonniers du roi. » (Genèse 39.1-20)

Leçons à tirer

Nous avons encore beaucoup à voir dans la vie de Joseph. Pour le moment nous le voyons victime de grandes injustices, mais Dieu tournera tout ce mal en bien pour bénir non seulement Joseph, mais toute sa famille. La suite de ce récit nous donnera la mise en scène pour quelques-uns des événements les plus importants dans toute l’histoire du peuple juif. Mais marquons d’abord une pause et tirons quelques leçons spirituelles de ce que nous venons de voir.

Les frères de Joseph n’ont pas exactement dit à Jacob leur père que Joseph était mort. Le seul mensonge direct qu’ils ont prononcé était de dire qu’ils avaient « trouvé » la tunique de Joseph. Puis ils ont dit : « “Examine donc si ce n’est pas la tunique de ton fils.” Jacob la reconnut et s’écria : “C’est bien la tunique de mon fils ! Une bête féroce a déchiqueté Joseph et l’a dévoré.” » Les fils de Jacob étaient bien coupables. Lévitique 19.11 dit : « Vous ne déroberez point, et vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. » Ils n’avaient pas usé de mensonge, mais ils avaient certainement usé de tromperie avec leur père. Même les gens religieux se justifient trop souvent quand ils décident de mentir, et encore plus quand il s’agit de faire croire à quelqu’un ce qui est faux sans prononcer un mensonge explicite. Soyons rigoureux avec nous-mêmes. La Bible dit qu’il est impossible que Dieu mente, et il ne veut pas que ses serviteurs mentent non plus.

Soulignons que Joseph n’était pas mort, mais les sentiments de tristesse dans le cœur de Jacob étaient aussi intenses qu’ils l’auraient été si son fils avait réellement été déchiré par des bêtes sauvages. Le mensonge, quand on y croit, est capable de produire des émotions aussi fortes que celles qui sont produites par la vérité. Certaines personnes se disent qu’elles sont sauvés, qu’elles ont la faveur de Dieu, ou que leur religion est la bonne à cause de ce qu’ils ressentent dans leur cœur. Une femme dit une fois : « Je n’échangerais pas le sentiment que j’ai dans le cœur contre un tas de Bibles aussi grand que moi. » Elle voulait dire que même si la Bible enseignait qu’elle n’avait pas fait la volonté de Dieu pour être sauvée, elle resterait convaincue de son salut à cause des émotions qu’elle ressentait. C’est une erreur dangereuse que de raisonner ainsi. L’exemple de Jacob, qui a cru à un mensonge, le démontre clairement. Ce n’est pas notre réaction émotionnelle devant un message – que ce soit une réaction de joie, de tristesse ou de colère – qui détermine si le message est véridique ou pas.

Ajoutons quelques remarques concernant l’intégrité de Joseph lorsque la femme de son maître a voulu faire des rapports sexuels avec lui. Joseph ne voulait en aucun cas trahir la confiance placé en lui par Potiphar. C’est une attitude que tous devraient imiter, et non seulement en matière de pureté sexuelle. Que nous soyons des employés, des fonctionnaires, des autorités élues par le peuple, ou même des personnes à qui l’Église a confié des responsabilités, il faut toujours chercher à mériter la confiance des autres.

Joseph reconnaissait que l’adultère serait un péché contre son maître, mais avant tout il le voyait comme un péché contre Dieu. Il dit à la femme : « Comment pourrais-je commettre un acte aussi abominable et pécher contre Dieu lui-même ? » En effet, tout péché est une rébellion contre sa loi, un manque de gratitude envers lui, une négligence d’un devoir décrété par lui. C’est ainsi que le roi David dit à Dieu, après avoir commis l’adultère avec Bath Schéba : « J’ai péché contre toi seul, et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux » (Psaume 51.6). N’ayons pas une idée trop légère du péché, surtout de nos propres péchés, qui paraissent parfois, à nos yeux au moins, moins graves que ceux des autres. Pécher contre ton prochain, c’est aussi désobéir à ton Créateur.

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