Personnages du Coran et de la Bible

Jonas

L’un des prophètes les mieux connus de la Bible est mentionné plusieurs fois dans le Coran également. Il s’agit de Jonas, le prophète qui fut avalé par un gros poisson. Les musulmans l’appellent aussi par les noms Yunus et Dhan-Nun. Une sourate du Coran porte son nom, et un livre de l’Ancien Testament le porte aussi. Qui était donc cet homme de Dieu, comment s’est-il trouvé dans le ventre d’un poisson, et quelles sont les leçons à tirer de sa vie ?

Selon 2 Rois 14.25, Jonas était d’une ville appelée Gath-Hépher, qui se trouvait dans le territoire de la tribu de Zabulon, dans le royaume d’Israël du Nord, environ 50 kilomètres au nord de Samarie, la capitale. Il vécut et prêcha la parole de Dieu vers la fin du huitième siècle avant Jésus, donc quelque temps après les prophètes Élie et Élisée que nous avons déjà considérés. La Bible parle d’une prophétie qu’il fit concernant le règne du roi israélite Jéroboam II, mais le livre de Jonas se rapporte à une mission que Dieu lui confia envers la ville païenne de Ninive, capitale de l’Empire assyrien. Cet empire était, à l’époque, la première puissance mondiale. Ninive se trouvait dans le nord de l’Iraq actuel, mais elle dominait sur un très grand territoire. Les assyriens étaient réputés pour leur cruauté excessive et ils représentaient une menace très sérieuse pour Israël et ses voisins.

Voyons donc l’histoire du prophète Jonas :

« Un jour, le Seigneur donna cet ordre à Jonas, fils d’Amittaï : “Debout, par pour Ninive, la grande ville. Prononce des menaces contre elle, car j’en ai assez de voir la méchanceté de ses habitants.”

Mais Jonas décida de fuir à Tarsis, loin du Seigneur. Il se rendit à Jafa, où il trouva un navire prêt à partir pour Tarsis. Il paya sa place et embarqua avec l’équipage pour aller là-bas, loin du Seigneur. » (Jonas 1.1-3)

(Signalons que Tarsis, en Espagne, se trouvait dans le sens opposé par rapport à Ninive. On pourrait supposer que Jonas a peur de prêcher un message de condamnation à un peuple si méchant, mais la suite du récit nous montrera qu’il avait une toute autre motivation pour sa désobéissance à l’ordre de Dieu.) Le texte se poursuit :

« Le Seigneur déchaîna un vent violent sur la mer. Il y eut une telle tempête que le navire semblait prêt à se briser. Les marins eurent très peur, chacun appela son propre dieu au secours. Puis ils jetèrent le chargement à la mer pour alléger le navire. Jonas, lui, était descendu au fond du bateau, il s’était couché et dormait profondément. Le capitaine du navire s’approcha de lui et l’interpella ainsi : “Que fais-tu là? tu dors ? Lève-toi donc, appelle ton dieu au secours ! Il se souciera peut-être de nous, lui, et ne nous laissera pas mourir.” Les marins se dirent entre eux : “Tirons au sort pour connaître le responsable du malheur qui nous arrive.” Ils tirèrent au sort et le sort tomba sur Jonas. Ils lui dirent alors : “Tu es responsable de notre malheur. Explique-nous donc ce que tu fais ici. D’où es-tu ? de quel pays ? de quel peuple ?” Jonas leur répondit : “Je suis hébreu et j’adore le Seigneur, le Dieu du ciel, qui a créé les mers et les continents.” Puis il leur raconta son histoire. Les marins furent saisis d’une grande crainte en apprenant qu’il s’enfuyait loin du Seigneur. “Pourquoi as-tu agi ainsi ? lui demandèrent-ils. Que devons-nous faire de toi pour que la mer s’apaise autour de nous ?” La mer était en effet de plus en plus démontée. Il leur répondit : “Prenez-moi, jetez-moi par-dessus bord et la mer s’apaisera. Je le reconnais, c’est par ma faute que vous subissez cette grande tempête.” Les marins se mirent à ramer pour essayer de gagner la terre ferme ; mais ils ne réussirent pas, car la mer se déchaînait encore plus. Alors ils implorèrent le Seigneur : “Seigneur, dirent-ils, ne nous laisse pas perdre la vie à cause de cet homme. Ne nous rends pas non plus responsables de la mort de quelqu’un qui ne nous a rien fait. Car c’est toi, Seigneur, qui as agi comme tu l’as voulu.” Puis ils prirent Jonas, le jetèrent par-dessus bord, et la tempête cessa de faire rage. Alors ils furent remplis de crainte à l’égard du Seigneur ; ils lui offrirent un sacrifice et lui firent des promesses solennelles.

Le Seigneur envoya un grand poisson qui avala Jonas. Durant trois jours et trois nuits, Jonas demeura dans le ventre du poisson. De là il adressa cette prière au Seigneur, son Dieu : “Quand j’étais dans la détresse j’ai crié vers toi, Seigneur, et tu m’as répondu ; du gouffre de la mort j’ai appelé au secours et tu m’as entendu… La mer me submergeait, des algues s’enroulaient autour de ma tête… mais, toi, Seigneur mon Dieu, tu m’as fait remonter vivant du gouffre… Oui, c’est toi, Seigneur, qui me sauves !”

Sur un ordre du Seigneur, le poisson rejeta Jonas sur la terre ferme. » (Jonas 1.4-16; 2.1-3,6,7,10)

Dans le Nouveau Testament, Jésus se réfère à ce qui est arrivé à Jonas et le compare au fait qu’il devait lui-même mourir, être enterré et ressusciter. En Matthieu 12.40 il dit : « De même que Jonas a passé trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, ainsi le Fils de l’homme passera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. »

Déjà dans l’histoire de Jonas nous voyons plusieurs vérités :

On ne peut pas se cacher de Dieu. Il est omniprésent – c’est-à-dire il est partout à la fois, n’étant pas limité par un corps physique. C’est une pensée qui doit nous faire peur quand nous voulons nous cacher pour faire du mal, mais qui nous réconforte quand nous sommes dans une affliction quelconque et nous sentons tout seuls. David écrit dans les Psaumes :

« Où pourrais-je aller loin de toi ? Où fuir loin de ta présence ? Si je monte au ciel, tu es là ; si je me couche parmi les morts, t’y voici. Si je m’envole jusqu’au soleil levant, ou si je vais m’établir au soleil couchant, même là ta main me saisit, ta main droite ne me lâche pas. Si je dis : “Que l’obscurité m’engloutisse, qu’autour de moi le jour se fasse nuit !” pour toi l’obscurité devient lumière, et la nuit claire comme le jour ; ténèbres ou lumière, pour toi c’est pareil. » (Psaume 139.7-12)

Nous voyons aussi le pouvoir absolu de Dieu sur la nature. Que ce soit la mer et le vent ou le gros poisson, tout obéit aux ordres de Dieu. (Soulignons en passant que certains ont trouvé cette histoire pas croyable parce qu’ils doutent qu’un poisson puisse avaler un homme. Ils considèrent que même si cela arrivait, l’homme ne conserverait pas la vie s’il y restait pendant trois jours. En réalité, plusieurs cas ont été rapportés dans les temps modernes. Monsieur de Parville, le rédacteur scientifique de la revue, Journal des Débats, ainsi que d’autres scientifiques, ont mené des enquêtes sur l’accident survenu à James Bartley, un marin du navire Star of the East, un baleinier, en février 1891, près des îles de Falkland. Un coup de la queue d’une baleine, un cachalot, le fit tomber dans la mer, et il disparut. Les autres marins finirent par tuer le cachalot et consacrèrent toute la journée et une partie de la nuit à enlever la graisse de la baleine. Le lendemain ils remarquèrent du mouvement dans l’estomac du cachalot. Ils l’ouvrirent et trouvèrent le marin disparu, inconscient mais bien vivant. Au bout de trois semaines il put se rétablir suffisamment pour reprendre le travail, mais la peau de son visage, son cou et ses mains était complètement blanchie et ressemblait à du papier blanc.)

Mais revenons au prophète Jonas que Dieu choisit sauver de la noyade au moyen du poisson. Dieu lui adressa de nouveau l’ordre de se rendre à Ninive et de prêcher le message que l’Éternel lui avait donné. Cette fois-ci Jonas obéit. Il partit à Ninive et proclama à la population la décision de Dieu de détruire la ville au bout de quarante jours. La Bible nous informe que « les habitants de la ville prirent au sérieux la parole de Dieu. Ils décidèrent de jeûner et chacun, du plus riche au plus pauvre, mit des vêtements de deuil. Quand le roi de Ninive fut informé de ce qui se passait, il descendit de son trône, ôta son habit royal, mit un vêtement de deuil et s’assit sur de la cendre. » Il ordonna : « Que chacun supplie Dieu de toutes ses forces, que chacun renonce aux mauvaises actions et à la violence dont il se rend coupable. Peut-être qu’ainsi Dieu changera d’avis, mettra fin à sa grande colère et ne nous fera pas mourir » (Jonas 3.5,6,8,9). (Encore nous voyons que Jésus se réfère à cette partie de l’histoire de Jonas. Il dit en Matthieu 12.41 : « Au jour du Jugement, les habitants de Ninive se lèveront en face des gens d’aujourd’hui et les accuseront, car les Ninivites ont changé de comportement quand ils ont entendu prêcher Jonas ! Et il y a ici plus que Jonas ! »)

La Bible dit que « Dieu vit comment les Ninivites réagissaient, il constata qu’ils renonçaient à leurs mauvaises actions. Il revint sur sa décision et ne les livra pas au malheur dont il les avait menacés » (Jonas 3.10). Ici nous voyons la compassion de Dieu pour le pécheur qui s’humilie et qui se détourne de son péché. Comme l’Éternel le dirait plus tard par la bouche du prophète Ézéchiel : « Je suis vivant ! dit le Seigneur, l’Éternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. Revenez, revenez de votre mauvaise voie ; et pourquoi mourriez-vous, maison d’Israël ? » (Ézéchiel 33.11).

Nous arrivons maintenant à la raison pour laquelle Jonas n’avait pas voulu obéir à l’ordre de Dieu de prêcher aux gens de Ninive : quand le prophète vit la repentance des Ninivites et comprit que Dieu avait décidé de les épargner,

« Jonas prit fort mal la chose et se mit en colère. Il adressa cette prière au Seigneur : “Ah, Seigneur, voilà bien ce que je craignais lorsque j’étais encore dans mon pays et c’est pourquoi je me suis dépêché de fuir vers Tarsis. Je savais que tu es un Dieu bienveillant et compatissant, patient et d’une immense bonté, toujours prêt à renoncer à tes menaces. Eh bien, Seigneur, laisse-moi mourir, car je préfère la mort à la vie.” » (Jonas 4.1-3)

Bien qu’il soit prophète, Jonas ne partageait pas l’amour de Dieu pour les gens de Ninive. Est-ce qu’il était raciste et ne voulait pas que les grâces de Dieu soient accordées à ceux qui n’étaient pas Israélites ? Est-ce qu’il voyait les Assyriens comme des ennemis de sa nation qui viendraient un jour les attaquer et les opprimer ? Est-ce qu’il n’avait tout simplement pas de place dans son cœur pour le pardon de ceux qui avaient péché? Nous ne savons pas la raison exacte, mais Jonas ne voulait pas que Dieu ait pitié des gens de Ninive. Apparemment il espérait toujours que Dieu châtie la ville.

Le récit se poursuit :

« Jonas sortit de la ville et s’arrêta à l’est de Ninive. Là, il se fit une cabane à l’abri de laquelle il s’assit. Il attendait de voir ce qui allait se passer dans la ville. Le Seigneur Dieu fit pousser une plante, plus haute que Jonas, pour lui donner de l’ombre et le guérir de sa mauvaise humeur. Jonas en éprouva une grande joie. Mais le lendemain au lever du jour, Dieu envoya un ver s’attaquer à la plante et elle sécha. Puis, quand le soleil parut, Dieu fit souffler de l’est un vent brûlant. Le soleil tapa sur la tête de Jonas qui faillit s’évanouir. Il souhaita la mort en disant : “Je préfère la mort à la vie.” »

Alors Dieu a essayé de raisonner avec Jonas et lui montrer que si lui, il était si touché par la perte de cette plante qu’il n’avait ni planté ni fait pousser, il était certainement normal que Dieu soit peiné de la perte des êtres humains qu’il avait créés. Dieu s’intéresse à nous, quelle que soit notre nationalité, quelle que soit notre situation dans la vie. Il a pitié de nous, et il veut que nous nous repentions pour qu’il nous donne la vie. Voilà ce que Jonas ne voulait pas comprendre.

Une fois de plus nous voyons que être prophète de Dieu ne voulait pas dire être exempt de toute faute. Les prophètes étaient des êtres humains, faibles et pécheurs comme nous, mais Dieu leur a permis de le servir. Et la plupart d’entre eux nous donnent des exemples d’une fidélité extraordinaire, même dans des conditions très difficiles. Essayons toujours d’imiter le bien que nous voyons en eux, tout en évitant le mal. Essayons aussi d’avoir un cœur de compassion pour tous les hommes, un cœur comme celui de Dieu lui-même.

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