Personnages du Coran et de la Bible

Job

L’un des personnages que le Coran traite de prophètes est un homme qui s’appelait Job, ou Ayoub parmi les musulmans. La Bible, qui consacre un livre entier à son histoire, ne le présente pas dans le rôle de prophète, mais elle le décrit clairement comme étant un homme intègre aux yeux de Dieu. C’est à cause de cette intégrité que l’histoire de Job nous intéresse particulièrement, car sa vie présente un dilemme. Job était un homme de bien, mais il a souffert énormément. De tels cas poussent certaines personnes à s’interroger sur la justice de Dieu qui permet aux innocents de souffrir dans cette vie. Cette question constitue le thème du livre biblique qui porte le nom de Job.

L’histoire paraît provenir d’époque de ceux que nous appelons parfois les patriarches, c’est-à-dire Noé, Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et d’autres hommes qui vécurent avant l’époque de Moïse. En effet, le style de vie de Job ressemble à celle d’Abraham, et le livre de Job ne se réfère nulle part ni à la loi donnée par Moïse ni à une institution juive quelconque. En plus, Job vécut 140 ans après les événements racontés dans ce livre, et une telle longévité correspond à celle des personnages bibliques de la période des patriarches.

Permettons donc à la Bible de nous raconter l’expérience de cet homme :

« Il y avait une fois au pays d’Ous un homme du nom de Job. Cet homme était irréprochable, droit, fidèle à Dieu et se tenait à l’écart du mal. Il était père de sept fils et de trois filles ; il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs et cinq cents ânesses, ainsi que de nombreux domestiques. [Cet homme était le plus considérable de tous les fils de l’Orient – Segond]…

Or un jour que les anges de Dieu venaient faire leur rapport au Seigneur, le Satan, l’accusateur, se présenta parmi eux, lui aussi. Le Seigneur lui demanda : “D’où viens-tu donc ?” L’accusateur répondit au Seigneur : “Je viens de faire un petit tour sur terre.” – “Tu as sûrement remarqué mon serviteur Job, dit le Seigneur. Il n’a pas son pareil sur la terre. C’est un homme irréprochable et droit ; il m’est fidèle et se tient à l’écart du mal.” – “Si Job t’est fidèle, répliqua l’accusateur, est-ce d’une manière désintéressée ? N’est-il pas évident que tu le protèges de tous côtés, comme par une clôture, lui, sa famille et ses biens ? Tu as si bien favorisé ce qu’il a entrepris, que ses troupeaux sont répandus sur tout le pays. Mais ose toucher à ce qu’il possède, et je parie qu’il te maudira ouvertement !” Le Seigneur dit à l’accusateur : “Eh bien, tu peux disposer de tout ce qu’il possède. Mais garde-toi de toucher à lui-même.”

Alors l’accusateur se retira hors de la présence du Seigneur.

Un jour que les enfants de Job étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné, un messager arriva chez Job pour lui annoncer : “Les bœufs étaient en train de labourer, et les ânesses se trouvaient au pré non loin de là, quand des Sabéens se sont précipités sur eux et les ont enlevés, passant tes serviteurs au fil de l’épée. J’ai été le seul à pouvoir m’échapper pour t’en avertir.”

Le premier messager n’avait pas fini de parler qu’un autre arriva pour annoncer : “La foudre est tombée du ciel sur les troupeaux de moutons et sur tes serviteurs, et elle a tout consumé. J’ai été le seul à pouvoir m’échapper pour t’en avertir.”

Il n’avait pas fini de parler qu’un autre arriva pour annoncer : “Des Chaldéens ont formé trois bandes, qui se sont jetées sur les chameaux et les ont enlevés, passant tes serviteurs au fil de l’épée. J’ai été le seul à pouvoir m’échapper pour t’en avertir.”

Il n’avait pas fini de parler qu’un autre arriva pour annoncer : “Tes enfants étaient occupés à manger et boire chez leur frère aîné, quand un ouragan survenant du désert a heurté violemment les quatre coins de la maison ; les jeunes gens sont morts sous les décombres…”

Alors Job se leva, il déchira son manteau, se rasa la tête et se jeta à terre, le front dans la poussière ; il déclara :

“J’étais nu quand je suis venu au monde, c’est nu aussi que je le quitterai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris. Je n’ai qu’à remercier le Seigneur.”

Dans tous ces malheurs Job ne commit ainsi aucune faute ; [il n’attribua rien d’injuste à Dieu- Segond]. »

Dans le second chapitre du livre Satan se présente de nouveau devant Dieu, qui lui fait remarquer au sujet de Job :

« “Il m’est fidèle et se tient à l’écart du mal. Il est resté fermement irréprochable. C’est donc pour rien que tu m’as poussé à lui faire du tort.” Mais l’accusateur répliqua : “…Tout ce qu’un homme possède, il le donnera pour sauver sa peau. Mais ose toucher à sa personne et je parie qu’il te maudira ouvertement !” Le Seigneur dit à l’accusateur : “Eh bien, tu peux disposer de lui, mais non pas de sa vie.”

Alors l’accusateur se retira hors de la présence du Seigneur. Il frappa Job d’une méchante maladie de peau, depuis la plante des pieds jusqu’au sommet du crâne. Job s’assit au milieu du tas des cendres et ramassa un débris de poterie pour se gratter.

Sa femme lui dit : “Tu persistes à rester irréprochable. [Maudis Dieu, et meurs !]” – “Tu parles comme une femme privée de bon sens, lui répondit Job. Si nous acceptons de Dieu le bonheur, pourquoi refuserions-nous de lui le malheur ?”

Dans cette nouvelle épreuve Job ne prononça aucun mot qui puisse offenser Dieu.

Trois amis de Job apprirent les malheurs qui lui étaient arrivés. C’étaient Élifaz de Téman, Bildad de Chouha et Sofar de Naama. Ils vinrent de chez eux et se mirent d’accord pour lui manifester leur sympathie et le réconforter. En le regardant de loin, ils le trouvèrent méconnaissable. Alors ils ne purent retenir leurs larmes ; ils déchirèrent leur manteau et jetèrent en l’air de la poussière pour s’en couvrir la tête. Puis ils restèrent assis à terre avec Job pendant sept jours et sept nuits, sans rien lui dire, tant sa souffrance leur paraissait grande. » (Job 1, 2)

« À la fin, Job se décida à parler et maudit le jour de sa naissance. Voici ce qu’il dit : Ah ! que Dieu ai supprimé le jour de ma naissance et la nuit qui a dit : “Un garçon est conçu !”…

Pourquoi n’être pas mort dès avant ma naissance, n’avoir pas expiré dès que j’ai vu le jour ?… Je serais aujourd’hui tranquille dans ma tombe ; je dormirais alors et je serais en paix… » (Job 3.1-3,11,13)

« Mon Dieu, je t’appelle, mais tu ne réponds pas ; je me tiens devant toi, mais ton regard est froid. Te voilà devenu cruel à mon égard. » (Job 30.20,21)

Alors les amis de Job commencent à raisonner avec lui et le conseiller. Ils avancent plusieurs idées sur la souffrance, mais ils sont d’accord que Job souffre parce que Dieu le punit à cause de ses péchés. Voilà l’idée principale dans tous leurs discours. Si Job était réellement innocent, il ne serait pas si misérable. Au lieu de le consoler, leurs fausses accusations le blessent davantage. Job tient pourtant à son intégrité. Il ne sait pas pourquoi Dieu lui envoie tant de souffrances, et il ne peut pas s’empêcher de s’interroger sur l’injustice dont il est victime. Il est sérieusement éprouvé, car il est convaincu à la fois de la puissance et la souveraineté de Dieu, qui gouverne dans les affaires des hommes, et de sa propre innocence, car il a toujours essayé de pratiquer la justice. Tantôt il semble accuser Dieu d’avoir mal agi ; tantôt il exprime la confiance que même s’il meure, il verra Dieu un jour, et Dieu lui sera favorable.

Finalement, vers la fin du livre de Job, Dieu lui-même prend la parole et demande à Job :

« “Qui es-tu pour oser rendre mes plans obscurs à force de parler de ce que tu ignores ? Tiens-toi prêt, sois un homme : je vais t’interroger, et tu me répondras. Renseigne-moi, si tu connais la vérité : Où donc te trouvais-tu quand je fondais la terre ?… Une fois dans ta vie, as-tu donné des ordres au jour pour qu’il se lève ?… La porte de la Mort t’a-t-elle été montrée, as-tu vu cette entrée du royaume des ombres ?… Est-ce toi qui envoies les éclairs quand ils partent ? Te disent-ils alors : Nous voici à tes ordres ? Est-ce toi qui donnes au cheval sa vigueur et qui a habillé son cou d’une crinière ?… Toi le contestataire du Dieu tout-puissant, oses-tu critiquer ?… Veux-tu mettre en question le fait que je sois juge ? Veux-tu me donner tort pour te donner raison ?”

Alors Job répondit au Seigneur : “Je ne suis rien du tout. Que puis-je te répondre ? Je me mets la main sur la bouche et je me tais. J’avais osé parler, je ne dirai plus rien… J’ai parlé d’un sujet trop ardu, je n’y comprenais rien et ne le savais pas !… Je reconnais avoir eu tort et m’humilie en m’asseyant dans la poussière et dans la cendre.” »

Ensuite Dieu reprit sévèrement les amis de Job qui avaient proclamé des faussetés à son égard.

Il faut reconnaître que malgré le reproche que Dieu fait à Job pour ses propos trop hardis, Dieu reconnaît que son serviteur avait quand même gardé son intégrité, et il lui montre sa faveur.

« Il lui rendit son ancienne situation. Il doubla même les biens que Job avait possédés… Pendant les années qui suivirent, le Seigneur combla Job de ses bénédictions, plus encore qu’il ne l’avait fait auparavant… Il eut aussi sept fils et trois filles… Après cela, Job vécut encore cent quarante ans, et il put voir ses enfants, ses petits-enfants, tous ses descendants jusqu’à la quatrième génération. »

Il est important de remarquer dans cette histoire que Dieu n’a jamais fait savoir à Job pourquoi il avait souffert. Il n’a pas répondu à toutes les questions que Job avait posées dans sa souffrance extrême. Il ne fait que lui rappeler que Job ne connaît pas tout, mais que Dieu a la connaissance parfaite de toutes choses. La créature doit donc faire confiance au Créateur, qui détient les réponses. Nous devons marcher par la foi et non par la vue.

Job osait croire qu’il y aurait une résurrection où il verrait la justice. Nous les chrétiens, nous en avons l’assurance, car 2 Timothée 1.10 nous dit que Dieu « a mis en évidence la vie et l’immortalité par l’Évangile ». C’est ainsi que, quelle que soit la misère que nous supportions dans cette vie, nous pouvons dire avec l’apôtre Paul en Romains 8.18 : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir. »

← L’article précédent
Moïse (troisième partie)
L’article suivant →
David (première partie)