Personnages du Coran et de la Bible

Jésus-Christ (troisième partie)

Dans les deux dernières études nous avons vu des raisons pour s’interroger à l’égard de l’un des prophètes qui sont mentionnés dans la Bible aussi bien que dans le Coran. De tous les prophètes, celui-ci est le seul dont la venue fut annoncée par d’autres prophètes pendant des siècles avant sa naissance, et le seul pour qui un autre prophète fut envoyé spécialement afin de préparer sa génération à le recevoir dignement. Il est le seul prophète dont il est dit qu’il a mené une vie sans péché, avant même de commencer son ministère de prophète ; le seul qui a prétendu exister au ciel avant de naître sur la terre et le seul qui a prétendu avoir le droit de pardonner les péchés. Mais que dire des miracles opérés par Jésus ? Y a-t-il une différence entre ce qu’il a fait et ce que les autres ont pu faire ?

Ses miracles

Les Évangiles sont remplis des récits de miracles opérés par Jésus. Le Coran, aussi, lui attribue des miracles. Dans la Sourate 5, aya 110, Allah lui dit :

« Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t’enseignais le Livre, la Sagesse, la Torah et l’évangile ! Tu fabriquais de l’argile comme une forme d’oiseau par Ma permission ; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l’aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d’Israël pendant que tu leur apportais les preuves. »

Les différentes œuvres miraculeuses de Jésus manifestaient son pouvoir sur les forces de la nature, sur les démons, sur la maladie et la mort ; elles démontraient sa connaissance même des pensées secrètes des hommes ; elles constituaient très souvent des preuves de sa grande compassion devant la souffrance ; mais en plus de tout cela, elles témoignaient aussi de son identité. Et Jésus n’hésitait pas de tirer l’attention des hommes sur ce que signifiaient ses miracles. Dans l’Évangile de Jean nous lisons : « Les Juifs l’entourèrent, et lui dirent : Jusques à quand tiendras-tu notre esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement. Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi » (Jean 10.24,25). Les ennemis de Jésus reconnaissaient la réalité des miracles de Jésus, mais ils n’étaient pas prêts à croire malgré les preuves. Jean 11.47,48 dit : « Alors les principaux sacrificateurs et les pharisiens assemblèrent le sanhédrin, et dirent : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles. Si nous le laissons faire, tous croiront en lui. »

Est-il réellement mort ?

Le miracle le plus important que l’on attribue à Jésus est sa résurrection d’entre les morts. Mais Jésus est-il réellement mort de la manière qu’on le dit ? Pour soutenir ce que nous avons dit au sujet de Jésus, nous avons cité non seulement la Bible, mais le Coran et la tradition musulmane, aussi. Mais que dire de l’idée que Jésus est mort sur la croix ? Le Coran ne dit-il pas formellement que cela n’a pas eu lieu ? La plupart des musulmans n’acceptent pas l’idée que Jésus, qu’ils reconnaissent pourtant comme prophète, est mort sur la croix. L’argument le plus important se base sur la quatrième sourate du Coran, qui dit au sujet des Juifs :

« (Nous les avons maudits) à cause de leur rupture de l’engagement, leur mécréance aux révélations d’Allah, leur meurtre injustifié des prophètes, et leur parole : “Nos cœurs sont (enveloppés) et imperméables”. En réalité, c’est Allah qui a scellé leurs cœurs à cause de leur mécréance, car ils ne croyaient que très peu. Et à cause de leur mécréance et de l’énorme calomnie qu’ils prononcent contre Marie, et à cause de leur parole : “Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah”… Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué. Mais Allah l’a élevé vers Lui. Et Allah est Puissant et Sage. » (an-Nisa’ 4:155-158)

Ce passage a été expliqué de plusieurs manières par les musulmans. Certains disent que Jésus s’est caché ou qu’un ange l’a protégé, alors que l’un de ses compagnons est mort à sa place. Certains disent que Dieu a fait que Judas Iscariot prenne l’apparence de Jésus, et que c’est lui qui fut tué. D’autres disent que Simon de Cyrène, qui porta la croix derrière Jésus, lui fut substitué sur le chemin du Calvaire. D’autres encore disent simplement que les Juifs ont essayé de le tuer mais ne l’ont pas pu, et que Dieu l’a fait monter au ciel sans passer par la mort.

Toutes ces explications ont certains problèmes. Il y a, par exemple, un problème moral si nous disons que Dieu a employé ruse ou tromperie pour faire croire délibérément un mensonge. Dieu est parfaitement saint, pur et sans péché. La Bible dit clairement en Hébreux 6.18 : « Il est impossible que Dieu mente » et en Tite 1.2 « Dieu ne ment point ». Il avait ordonné dans la loi de Moïse : « Vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres. » Lui qui dit à l’homme de ne pas user de tromperie, userait-il, lui, de tromperie avec les hommes ? Comment pourrait-on désormais lui faire confiance ? Loin de Dieu, le Dieu de Vérité – loin de lui l’idée de tromper des hommes et leur faire croire ce qui est faux. Il n’aurait pas employé sa puissance miraculeuse pour tromper des hommes. C’est Satan qui agit de cette façon. Ne déshonorons pas Dieu.

Mais peut-on croire que, sans intervention miraculeuse de la part de Dieu, on aurait pu crucifier et enterrer un autre à la place de Jésus ? Pendant qu’il était sur la croix il était reconnu par le centenier romain et ses soldats, les passants qui l’avaient entendu prêcher, les chefs des Juifs, et les deux brigands. Il y avait aussi ceux qui le connaissaient intimement : des femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée, sa propre mère et son disciple Jean. Son corps devait être facilement reconnaissable après avoir été enlevé de la croix, non seulement par son visage, mais aussi par les cicatrices de la couronne d’épines que les soldats avaient placée sur sa tête. D’ailleurs, Joseph d’Arimathée et Nicodème, qui l’ont enterré, ainsi que les femmes qui observaient quand on préparait le corps, connaissaient tous très bien Jésus. Sans tromperie miraculeuse, ils n’auraient pas pu prendre un autre pour lui.

Faut-il ajouter que l’on ne peut pas nier la souffrance et la mort de Jésus sans faire des menteurs de tous les saints prophètes de Dieu qui l’avaient précédé? Nous avons vu, en effet, dans une étude précédente, que ces messagers de Dieu avaient annoncé non seulement la venue du Christ, mais aussi sa mort. Voici ce que Jésus dit à ses disciples après sa résurrection :

« “Hommes sans intelligence, que vous êtes lents à croire tout ce qu’ont annoncé les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ainsi avant d’entrer dans sa gloire ?…

“Voilà ce que je vous ai déclaré quand j’étais encore avec vous : tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les livres des prophètes et dans les psaumes devait se réaliser.” Alors il leur ouvrit l’intelligence pour qu’ils comprennent les Écritures, et il leur dit : “Voici ce qui est écrit : le Messie doit souffrir, puis être ramené à la vie le troisième jour.” » (Luc 24.25,26,44-46)

Mais revenons au passage coranique qui dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! » Il faut signaler qu’il y a une autre manière de comprendre ce passage coranique. Dans le contexte, il s’agit d’un reproche adressé aux Juifs qui avaient rejeté les prophètes de Dieu, parlé contre Marie, et se vantaient d’avoir fait crucifier Jésus-Christ. En réfutant les Juifs, le Coran dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié. » Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de crucifixion, mais que, même si elle a eu lieu, c’est Dieu qui en fut responsable. Les Juifs n’ont fait que ce que Dieu, le Tout-Puissant, leur a permis de faire pour accomplir son plan. La même sorte de langage se trouve dans la huitième sourate du Coran qui parle des actions des musulmans à la Bataille de Badr : « Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais : mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part ! » (al-Anfal 8:17). Les fidèles musulmans ont, en fait, tué leurs adversaires, mais ce fut uniquement, selon l’idée de ce verset, avec l’aide et selon la volonté d’Allah.

Cette façon de comprendre le passage sur la crucifixion de Jésus s’accorde mieux avec certains autres passages du Coran qui parlent de la mort de Jésus. Par exemple, dans la Sourate 19, Jésus, encore bébé dans les bras de Marie, prononce ces paroles : « Que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant ». Et dans la Sourate 3, Dieu dit : « O Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre… » (al-Imran 3:55).

Sa résurrection

Tout à l’heure nous parlions des miracles de Jésus. D’autres prophètes avaient fait des miracles avant Jésus, mais comme nous l’avons suggéré, un de ses miracles dépasse tous les autres. Écoutez l’Évangile de Matthieu 12.38-40 :

« Alors quelques maîtres de la loi et quelques Pharisiens dirent à Jésus : “Maître, nous voudrions te voir accomplir un miracle.” Jésus leur répondit en ces termes : “Les gens d’aujourd’hui, qui sont mauvais et infidèles à Dieu, demandent un miracle, mais aucun miracle ne leur sera accordé si ce n’est celui du prophète Jonas. Car, de même que Jonas a passé trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, ainsi le Fils de l’homme passera trois jours et trois nuits dans la terre.” »

Jésus parle, bien sûr, du temps qu’il passerait dans le tombeau avant de ressusciter. Une autre fois il employa une autre image :

« Alors les chefs juifs lui demandèrent : “Quel miracle peux-tu faire pour nous prouver que tu as le droit d’agir ainsi ?” Jésus leur répondit : “Détruisez ce temple et en trois jours je le rebâtirai.” – “On a mis quarante-six ans pour bâtir ce temple, et toi, tu vas le rebâtir en trois jours ?” lui dirent-ils. Mais le temple dont parlait Jésus était son corps. Quand Jésus revint de la mort à la vie, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; et ils crurent à l’Écriture et aux paroles que Jésus avait dites. » (Jean 2.18-22)

Ces disciples « crurent aux Écritures » parce qu’ils ont compris que la résurrection de Jésus faisait partie des choses qui avaient été annoncées d’avance à son égard. L’apôtre Pierre a prêché au peuple de Jérusalem quelques semaines après la mort et la résurrection de Jésus. Il dit :

« Dieu l’a ramené à la vie, il l’a délivré des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir. En effet, David a dit à son sujet : …tu ne m’abandonneras pas dans le monde des morts, tu ne permettras pas que moi, ton fidèle, je pourrisse dans la tombe… Frères, il m’est permis de vous parler très clairement au sujet du patriarche David : il est mort, il a été enterré et sa tombe se trouve encore aujourd’hui parmi nous. Il était prophète et il savait que Dieu lui avait promis avec serment d’accorder à l’un de ses descendants la position de roi qui était la sienne. David a vu d’avance ce qui allait arriver et il a donc parlé de la résurrection du Messie…. Dieu a ramené à la vie ce Jésus dont je parle, et nous en sommes tous témoins. » (Actes 2.24,25,27,29-32)

L’apôtre Paul, aussi, insistait particulièrement sur ce miracle. Quand il prêchait dans la ville d’Athènes, en Grèce, il dit : « Dieu ne tient plus compte des temps où les hommes étaient ignorants, mais il appelle maintenant tous les hommes, en tous lieux, à changer de comportement. Il a en effet fixé un jour où il jugera le monde entier avec justice, par un homme qu’il a désigné. Il en a donné la preuve à tous en ramenant cet homme de la mort à la vie ! » (Actes 17.31,31). La tradition musulmane, aussi, parle du retour de Jésus et du jugement qu’il doit administrer.

Une vie sans aucun péché, des miracles de tout genre, la résurrection d’entre les morts, et un retour pour le jugement – encore nous devons nous poser la question : Jésus, le fils de Marie, n’est-il pas bien plus qu’un prophète ?

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