Personnages du Coran et de la Bible

Abraham

Abraham, ou Ibrahim chez les musulmans, est appelé « père » par plus de personnes que tout autre homme. Les Juifs se réfèrent à Avraham avinu, Abraham notre père, parce qu’ils sont ses descendants sur le plan physique par son fils Isaac. Les Arabes sont aussi les descendants d’Abraham par son fils Ismaël. Non seulement les arabes, mais les autres musulmans, aussi, le considèrent « le père des prophètes ». Et le Nouveau Testament appelle les chrétiens « la postérité » d’Abraham (Galates 3.29), qui est appelé « le père de tous ceux qui croient », et nous parle de la nécessité de « marcher sur les traces de la foi de notre père Abraham » (Romains 4.12,13). Alors, pourquoi tant de personnes sont-elles fières aujourd’hui de se dire les fils, que ce soit physiques ou spirituels, de cet homme qui vécut il y a environ 4,000 ans ? L’explication se trouve dans la qualité de sa foi envers Dieu. Considérons trois événements-clés dans sa vie où cette foi se démontra :

Son appel par Dieu

Le premier fut son appel par Dieu. Abraham vivait dans la Mésopotamie, la région qui se trouve entre les fleuves Euphrate et Tigre et qui appartient aujourd’hui à l’Iraq. Selon Josué 24.2, Térach, le père d’Abraham, était, comme ses compatriotes, un idolâtre. Le Dieu de l’univers demanda à Abraham de faire une rupture complète avec ce milieu. Nous lisons en Genèse 12.1-5 :

« Le Seigneur dit à Abraham : “Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. Je ferai naître de toi une grande nation ; je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres…. À travers toi je bénirai toutes les nations de la terre.”

Abraham, qui était âgé de soixante-quinze ans, accepta de quitter Haran comme le lui ordonnait le Seigneur. Il prit avec lui sa femme Saraï (Sara) et son neveu Lot. Ils emportaient toutes leurs richesses et emmenaient les esclaves achetés à Haran. Ils se dirigèrent vers le pays de Canaan. »

Il aurait été sans doute difficile de quitter son pays, ses amis et ses parents pour toujours. Mais Hébreux 11.8 souligne un détail qui fait voir davantage le besoin d’une grande confiance en Dieu pour obéir à un tel ordre : « Par la foi, Abraham obéit quand Dieu l’appela ; il partit pour un pays que Dieu allait lui donner en possession. Il quitta son propre pays sans savoir où il allait. » En plus, il n’avait pas la possibilité de garder le contact avec les membres de la famille qui restaient derrière – ni poste, ni téléphone, ni moyens de transport rapide pour y retourner de temps en temps. Abraham ne mit plus jamais pied dans son ancienne patrie.

Cela est important, car Dieu mettait du temps pour accomplir cette promesse de lui donner un pays qui lui appartienne. En effet, Hébreux 11 continue en disant :

« Par la foi, il vécut comme un étranger dans le pays que Dieu lui avait promis. Il habita sous des tentes avec [son fils] Isaac et [son petit-fils] Jacob, qui avaient reçu la même promesse de Dieu… C’est dans la foi que tous ces hommes sont morts. Ils n’ont pas reçu les biens que Dieu avait promis, mais ils les ont salués de loin, et ils ont déclaré qu’ils étaient des étrangers et des exilés sur la terre. Ceux qui parlent ainsi montrent clairement qu’ils cherchent une patrie. S’ils s’étaient mis à regretter le pays qu’ils avaient quitté, ils auraient eu l’occasion d’y retourner. En réalité, ils désiraient une patrie meilleure, c’est-à-dire la patrie céleste. C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité. » (Hébreux 11.9,13-16)

Déjà dans la vie d’Abraham nous voyons un exemple qui s’applique facilement à nous. Par l’évangile, Dieu nous appelle, nous aussi, à quitter ce monde pour chercher une patrie meilleure qu’il nous promet. Pour nous il ne s’agit pas forcément de quitter un lieu géographique. Il s’agit plutôt de transférer nos loyautés, de transformer nos habitudes et nos valeurs, de marquer une rupture avec ce monde et le péché qui le remplit. Écoutez ces passages bibliques :

« Comment ce qui est juste pourrait-il avoir à faire avec ce qui est mauvais ? Comment la lumière pourrait-elle être unie à l’obscurité ?… Comment le temple de Dieu pourrait-il s’accorder avec des idoles païennes ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu lui-même l’a dit : “Je demeurerai et je marcherai avec eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple.” C’est pourquoi, le Seigneur déclare : “Vous devez les quitter et vous séparer d’eux. Ne touchez à rien d’impur, et moi je vous accueillerai. Je serai un père pour vous et vous serez des fils et des filles pour moi, dit le Seigneur tout-puissant.” Toutes ces promesses sont valables pour nous, mes amis. C’est pourquoi, purifions-nous de tout ce qui salit le corps ou l’âme et efforçons-nous d’être parfaitement saints en vivant dans le respect de Dieu. » (2 Corinthiens 6.14-7.1)

« Ne vous conformez pas aux habitudes de ce monde, mais laissez Dieu vous transformer par un changement complet de votre intelligence. » (Romains 12.2)

Le pays promis du chrétien ne se trouve pas au moyen orient, en Palestine : c’est au ciel. Et pour entrer en possession de ce pays céleste, nous devons nous détacher en quelque sorte du monde d’ici-bas. Nous sommes encore dans le monde, bien sûr, et appelés à être une lumière dans le monde ; mais nous nous voyons désormais comme des étrangers. Et notre patrie et nos biens aussi sont ailleurs. Comme Abraham, nous ne les voyons pas physiquement de nos yeux. Nous les voyons par la foi. Nous acceptons le témoignage de Dieu ; étant convaincus de sa fidélité dans tout ce qu’il promet, nous pouvons faire rupture avec ce monde de péché. Nous marchons ainsi dans les traces de la foi de notre père, Abraham.

La promesse d’un fils

Après avoir quitté son pays, Abraham continua de manifester sa confiance en Dieu. C’était en rapport avec une autre promesse de Dieu. En Genèse 15.1-6 nous lisons :

« Le Seigneur apparut à Abram et lui dit : N’aie pas peur, Abram ! Je suis ton protecteur et je te donnerai une grande récompense. Abram répondit : Seigneur mon Dieu, à quoi bon me donner quelque chose ? Je suis sans enfant, tu ne m’as pas accordé de descendant. Mon héritier, celui qui recevra mes biens, c’est Éliézer de Damas, un de mes domestiques. Non, dit le Seigneur, ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais un fils né de toi. Puis il fit sortir Abram de sa tente et lui dit : Regarde le ciel et compte les étoiles si tu le peux. Et il ajouta : Comme elles, tes descendants seront innombrables. Abram eut confiance dans le Seigneur. C’est pourquoi le Seigneur le considéra comme juste. »

Rappelons-nous qu’Abraham avait déjà 75 ans lorsque Dieu l’appela ; il n’avait jamais fait d’enfant, et en plus, sa femme Sara, qui avait 65 ans, était stérile (Genèse 11.30). Or, le temps s’avançait, et Abraham ne pouvait s’empêcher de se demander comment Dieu accomplirait la promesse de faire de lui une grande nation. Mais quand Dieu a rendu la promesse encore plus explicite, Abraham lui crut sur parole. Même après cette promesse très directe, Dieu fit attendre Abraham et sa femme Sara jusqu’à ce qu’ils aient respectivement 100 ans et 90 ans. Néanmoins le patriarche n’abandonna pas sa confiance en Dieu. Après vingt-cinq ans d’attente, Abraham reçut ce que Dieu lui avait promis : sa femme Sara, stérile depuis sa jeunesse et âgée maintenant de 90 ans, a mis au monde son fils, Isaac. Voilà comment l’apôtre Paul décrit la situation en Romains 4.18-22 :

« Abraham a cru et espéré, alors qu’il n’y avait pas d’espoir, et devint ainsi “ancêtre d’une foule de nations”… Il avait environ cents ans, mais sa foi ne faiblit pas quand il pensa à son corps qui était déjà comme mort et à Sara, sa femme, qui ne pouvait pas avoir d’enfant. Il ne perdit pas foi et ne douta pas de la promesse de Dieu ; au contraire, sa foi le fortifia et il loua Dieu. Il était absolument certain que Dieu a le pouvoir d’accomplir ce qu’il a promis. Voilà pourquoi Abraham, à cause de sa foi, “fut considéré comme juste par Dieu”. »

Cette idée n’est pas facile à accepter pour certains, mais elle est fondamentale : L’homme n’est pas moralement juste devant Dieu par sa propre justice, par ses propres bonnes œuvres. Abram était pécheur, de même que nous. La Bible ne cache pas certaines de ses faiblesses. Il était un homme faillible, comme nous tous, et il n’a pu être sauvé que par la grâce et la miséricorde de Dieu. Quand l’Éternel considérait la vie d’Abraham, il ne voyait pas la justice ou la perfection morale. Mais il voyait une foi sincère et obéissante, une foi qui s’était montré active et vivante depuis le jour où Dieu avait donné l’ordre de quitter la Mésopotamie. Alors, la Bible dit à plus d’une reprise : « Abram eut confiance en l’Éternel, qui le lui imputa à justice ». Sur la base de la foi d’Abraham, et en regardant vers le sacrifice pour le péché qui serait fait par Jésus-Christ, Dieu compta Abraham comme juste.

Encore nous pouvons faire une application de l’exemple d’Abraham à nos propres vies. Comme nous l’avons vu, Abraham ne s’est pas fié aux apparences (son âge, son état physique, le délai depuis que Dieu lui avait fait la promesse d’un enfant, la stérilité de Sara, etc.). Il n’a pas douté dans son cœur. Or, les hommes en général n’acceptent la parole de Dieu que dans la mesure où ils la trouvent raisonnable, conforme à leurs expériences et leurs conceptions. Sur le plan des besoins matériaux, ils ont du mal à donner généreusement, malgré les promesses de Dieu de bénir celui qui donne beaucoup et de bon cœur, parce qu’ils ne voient pas d’avance comment Dieu s’arrangera pour les récompenser. Sur le plan spirituel, beaucoup ne veulent pas obéir à de simples commandements de Dieu, tel que l’ordre de se faire baptiser, parce qu’ils ne voient pas logiquement en quoi le pardon des péchés serait lié au fait de se laisser immerger dans l’eau. Au lieu d’accepter sur parole ce que Dieu dit, ils doutent et ils contestent. Ils ont besoin de considérer et d’imiter la foi d’Abraham, père des croyants.

L’ordre de sacrifier son fils

L’épreuve la plus dure de la foi d’Abraham se présenta des années plus tard. Quand son fils promis et attendu si longtemps avait grandi, Dieu dit à Abraham : « Prends ton fils Isaac, ton fils unique que tu aimes tant, va dans le pays de Moria, sur une montagne que je t’indiquerai, et là offre-le-moi en sacrifice » (Genèse 22.2). Imaginez-vous les pensées qui vous seraient passées par la tête si vous aviez été à la place d’Abraham : « Comment Dieu peut-il me demander une telle chose ? C’est cruel. Ça n’a pas de sens. Pourquoi m’aurait-il donné cet enfant pour exiger ensuite que je le tue ? Il valait mieux ne pas me le donner. J’aime cet enfant plus que toute autre chose. C’est trop demander. Comment Dieu accomplira-t-il les autres promesses qu’il m’a faites si je tue celui par qui elles doivent s’accomplir ? Comment puis-je adorer un tel Dieu ? » Mais la Bible ne nous dit pas grand chose des pensées d’Abraham à cette occasion. Le texte dit simplement :

« Le lendemain Abraham se leva tôt. Il fendit le bois pour le sacrifice, équipa son âne et se mit en route vers le lieu indiqué. Il emmenait avec lui deux serviteurs et son fils Isaac… Quand ils arrivèrent au lieu que Dieu lui avait indiqué, Abraham construisit un autel et y déposa le bois. Il lia son fils Isaac et le plaça sur l’autel, par dessus le bois. Il saisit alors le couteau pour égorger son fils, mais l’ange du Seigneur l’appela du ciel : Abraham ! Abraham ! Oui, répondit Abraham, je t’écoute. Le Seigneur reprit : Épargne l’enfant, ne lui fais aucun mal. Je sais maintenant que tu respectes mon autorité ; tu ne m’as pas refusé ton fils unique. Abraham aperçut alors un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla le prendre et l’offrit en sacrifice à la place de son fils. » (Genèse 22.3,9-13)

Abraham s’est soumis complètement à Dieu. Il ne s’est pas permis de mettre en doute la fidélité et l’amour de Dieu. Il a obéi promptement, même s’il ne pouvait pas connaître la raison de ce commandement. Selon Hébreux 11.19, Abraham avait cette confiance en Dieu : « Abraham estima que Dieu avait le pouvoir de ramener Isaac de la mort à la vie ; et Abraham reçut de nouveau Isaac qui lui fut, pour ainsi dire, ramené d’entre les morts. »

Et nous ? Dieu ne nous demande pas d’égorger un enfant et le sacrifier sur un autel. Mais acceptons-nous de perdre ce qui nous est très cher afin d’être fidèles à Dieu ? Accepterions-nous de mourir nous-mêmes au lieu de le renier ? Sommes-nous confiants que Dieu fera ce qu’il promet dans sa parole, et qu’il nous aime, quelles que soient les épreuves par lesquelles nous passons ?

Conclusion

Comme Jésus l’a dit : « Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham » (Jean 8.39). La bénédiction de Dieu promise à la descendance d’Abraham, bénédiction spirituelle qui consiste à la vie éternelle par la foi en Jésus-Christ, est pour ceux qui sont les véritables enfants d’Abraham, ceux qui manifestent une foi active et obéissante. Abraham est-il votre père spirituel ?

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