La vie d’Issa, al-Masih

5. Son baptême

La vie de Jésus de Nazareth n’est pas un conte de fée, une histoire qui commence par « il était une fois dans un pays lointain… ». Au contraire, l’Évangile de Luc est très précis quand il situe le commencement du ministère de Jésus. Comme les trois autres Évangiles, il nous parle de Jean-Baptiste, qui a annoncé au peuple juif la venue du Christ. Il dit que Jean a commencé à prêcher « la quinzième année du règne de Tibère César, – lorsque Ponce Pilate était gouverneur de la Judée, Hérode tétrarque de la Galilée, son frère Philippe tétrarque de l’Iturée et du territoire de la Trachonite, Lysanias tétrarque de l’Abilène, et du temps des souverains sacrificateurs Anne et Caïphe » (Luc 3.1-2). Tous ces personnages sont connus des historiens même en dehors de la Bible. Pareillement, Jean-Baptiste est mentionné par des écrivains non-chrétiens du premier siècle. Parlons donc de cet homme, Jean, le fils de Zacharie, et de la manière par laquelle il a fait connaître Jésus à tout le peuple juif.

Jean prêche et baptise

Tout comme la venue de Jésus avait été prédite par des prophètes de Dieu des siècles avant sa naissance, de même les prophètes avaient parlé d’avance de Jean. Matthieu cite, par exemple, le prophète Ésaïe, qui avait vécu sept cents ans avant le temps de Jésus et de Jean :

« En ce temps-là parut Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de Judée. Il disait : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. Jean est celui qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète, lorsqu’il dit : C’est ici la voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Aplanissez ses sentiers. » (Matthieu 3.1-3)

Jean n’a pas, bien sûr, préparé une route physique, mais ce langage est employé pour faire penser à l’arrivée d’un très grand personnage. Même aujourd’hui, quand un président ou un ministre doit se rendre dans un endroit, on a l’habitude de nettoyer et réparer la route sur laquelle il doit voyager. On envoie aussi des messagers qui annoncent la venue du chef de l’état et qui apprêtent la population pour le recevoir dignement. Or, Jean est venu pour préparer l’arrivée publique du plus grand roi qui puisse être. Mais la manière de préparer la venue de ce roi n’est pas de nettoyer les rues et repeindre les maisons ; il s’agit plutôt d’appeler le peuple à se repentir de ses péchés.

Un acte par lequel Jean soulignait son message de repentance était le baptême. Luc dit que Jean « prêchait le baptême de la repentance, pour la rémission des péchés » (Luc 3.3). En se faisant baptiser, une personne avouait son besoin de se repentir, et son intention de changer. Être baptisé, littéralement, immergé dans l’eau, portait l’idée d’un bain de purification de péché. Selon Jean 10.41, Jean n’a fait aucun miracle, mais par la force de sa prédication il a convaincu beaucoup de Juifs de leur besoin de changer de comportement et de demander pardon à Dieu. La majorité d’entre eux se sont rendus auprès de lui pour être baptisés.

Les autorités juives ont envoyé auprès de Jean des hommes pour se renseigner sur ce prédicateur qui attirait de si grandes foules. Ils voulaient savoir qui il se disait et pourquoi il était venu. Trois possibilités leur venaient à l’esprit : Jean prétendrait être le Messie lui-même, celui que tout Israël attendait, ou bien Élie, qui était censé revenir pour préparer le monde avant l’arrivée du Messie (Malachie 4.5), ou bien « le prophète » dont Moïse avait parlé en Deutéronome 18.15 (et qui en fait était aussi le Messie, selon Actes 3.20-24). Jean, pourtant, niait qu’il était l’un des trois. Selon lui il n’était qu’une voix qui invitait les hommes à préparer le chemin pour le Seigneur, selon les paroles d’Ésaïe que nous avons entendues. Il voulait dire, en effet : « Je ne suis pas quelqu’un d’important. Je ne suis qu’une voix disant aux gens de se préparer, car le Roi vient. »

Il est vrai que Jésus dirait plus tard que Jean était cet Élie qui devait venir (Matthieu11.14; 17.12,13). Si Jean a nié être Élie, c’est peut-être dans le sens qu’il n’était pas Élie ressuscité ou réincarné ; il n’était pas Élie en personne, mais plutôt celui qui était venu « avec l’Esprit et la puissance d’Élie » (Luc 1.17).

Les dirigeants juifs se demandaient donc pourquoi Jean baptisait les hommes, particulièrement des Juifs. « Ils lui firent encore cette question : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es pas le Christ, ni Élie, ni le prophète ? » (Jean 1.25). On comprenait l’idée d’un baptême de purification pour ceux qui se convertissaient au judaïsme – on avait déjà l’habitude de leur imposer cela – mais les actions de Jean suggéraient que le peuple choisi, les Juifs, avait besoin d’être purifié. Or ces responsables juifs considéraient qu’ils étaient déjà plus justes que les autres peuples. Jean n’a pas répondu directement à leur question. « Moi, je baptise d’eau, mais au milieu de vous il y a quelqu’un que vous ne connaissez pas, qui vient après moi ; je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales » (Jean 1.26,27). Celui qui venait après lui était tellement plus grand que Jean que celui-ci n’était même pas digne de faire pour lui la tâche d’un esclave. Jean dit, en effet : « Le roi vient. Et pour sa venue, vous avez besoin d’être purifiés, autant qu’un non-Juif quelconque. »

Jésus se fait baptiser

Un jour quelqu’un s’est présenté à Jean pour être baptisé, mais Jean dit que cette personne n’avait pas besoin de cette purification.

« Alors Jésus vint de la Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui. Mais Jean s’y opposait, en disant : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi ! Jésus lui répondit : Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste. Et Jean ne lui résista plus. » (Matthieu 3.13-15)

Il est intéressant de noter que dans le Coran, des péchés de Mohamed ne sont pas mentionnés, mais il est dit de lui dans la Sourate 40 – Ghafir, aya 55 : « O Mohamed, les promesses de Dieu sont la vérité, demande le pardon de tes péchés le matin et le soir et cela te sera accordé. » Dans les 114 sourates du Coran, aucun péché n’est attribué à Jésus, ou Issa. Plusieurs passages de la Bible nous affirment carrément que Jésus était sans péché. Première Pierre 2.22 l’appelle « lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude ». Étant donc sans péché, il n’avait aucun besoin d’être baptisé pour la rémission des péchés. Il n’avait pas besoin de se repentir. Jean a reconnu cela. Mais Jésus lui a expliqué qu’il le faisait « pour accomplir tout ce qui est juste ». En se faisant baptiser, Jésus validait le ministère de Jean – il reconnaissait que c’était bien Dieu qui l’avait envoyé. En plus, Jésus se soumettait en tant qu’homme à tous les commandements de Dieu qui concernaient les hommes, et il donnait ainsi un exemple positif que tous devraient suivre.

Jésus a fait un long voyage à pied pour obéir au commandement de se faire baptiser, bien qu’il n’en ait pas besoin comme nous pour son salut personnel. L’eau n’est pas toujours tout près pour le baptême. Puisque Jésus a quitté Nazareth pour se rendre dans le désert de Judée près du Jourdain, c’est-à-dire, près de là où le Jourdain se jette dans la mer Morte, nous savons que la distance que Jésus a parcouru pour se faire baptiser était d’environ 105 kilomètres, sens unique. Si donc quelqu’un était obligé de faire cent kilomètres à pied pour se faire baptiser, ce ne serait pas plus que ce que Jésus a fait lui qui n’avait pas de péché. On ne devrait pas chercher à s’excuser de ce devoir à cause de la distance ou de tout autre obstacle. On n’a pas raison non plus de modifier le commandement de Dieu, de mettre l’aspersion à la place de l’immersion pour le rendre plus facile. Jésus n’a pas cherché la facilité. Il a cherché ce qui était juste, ce qui était selon les commandements de Dieu.

Dans son baptême, Jésus nous a donné un bon exemple d’obéissance à Dieu, mais il fut, en même temps, par son baptême, manifesté comme celui que Jean-Baptiste annonçait. « Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l’eau. Et voici, les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. Et voici, une voix fit entendre des cieux ces paroles : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection » (Matthieu 3.16,17). Dieu lui-même a donc rendu témoignage à l’identité de Jésus par la voix du Ciel et par l’Esprit en forme de colombe. Jean aussi a rendu témoignage de Jésus : « Voici l’agneau qui ôte le péché du monde…Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, celui-là m’a dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit » (Jean 1.29,33,34).

Jean diminue

Jean a continué de prêcher pendant quelques mois après avoir baptisé Jésus. Ensuite il a été arrêté et mis à mort par le roi Hérode Antipas, dont Jean avait condamné le péché. Mais avant son arrestation, les disciples de Jésus étaient devenus plus nombreux que ceux de Jean. Au lieu d’être jaloux, Jean s’en est réjoui. Il rappelle à ses disciples qu’il leur avait toujours dit qu’il n’était pas lui-même le Christ. Il était plutôt comme l’ami de l’époux. Il dit : « Celui à qui appartient l’épouse, c’est l’époux ; mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend, éprouve une grande joie à cause de la voix de l’époux : aussi cette joie, qui est la mienne, est parfaite. Il faut qu’il croisse, et que je diminue » (Jean 3.29,30).

Le shoshben, ou ami de l’époux, avait un rôle spécial dans un mariage juif. Il servait de liaison entre l’époux et l’épouse ; il faisait les préparatifs pour la fête ; il distribuait les invitations ; il présidait au festin. Il avait aussi le devoir de garder la chambre nuptiale et de refuser l’entrée à tout homme sauf à l’époux. Il n’ouvrait la porte que lorsque dans l’obscurité il entendait et reconnaissait la voix de l’époux. En entendant cette voix il le faisait entrer et s’en allait en se réjouissant car il avait achevé sa tâche et les amants étaient ensemble. Jean-Baptiste avait eu le rôle de faire venir ensemble Christ, l’époux, et Israël, l’épouse. Ce n’était pas avec regret qu’il dit : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. »

Conclusion

Jean était un grand serviteur de Dieu. Jésus dit à son sujet qu’il était plus qu’un prophète (Matthieu 11.9). Mais Jésus est infiniment plus grand. C’est lui qui est notre roi (celui dont il fallait préparer le chemin), notre sauveur (l’agneau qui ôte le péché), et notre modèle en toutes choses. C’est vers lui que Jean dirigeait les regards des Israélites. C’est vers lui que nous voulons diriger le regard de tous les hommes aujourd’hui. Nous vous invitons donc à continuer de suivre cette émission pour mieux connaître Jésus et mieux le suivre.

← L’article précédent
4. Entre 12 et 30 ans
L’article suivant →
6. La tentation