La vie d’Issa, al-Masih

36. Ce que Jésus a demandé dans sa prière

Si tu étais à un pas de la mort, tu aurais peut-être envie de prier Dieu. Tu lui demanderais pardon des péchés que tu as commis, tu lui confierais tes êtres chers pour qu’il veille sur eux et les bénisse matériellement ou spirituellement, et si ta vie avait été consacrée à une cause particulière, tu lui demanderais peut-être de faire prospérer cette cause après ta mort. En Jean 17, nous trouvons Jésus à la veille de sa mort en train de prier. Il prie pour lui-même, pour ses êtres les plus chers, c’est-à-dire ses apôtres qu’il avait passé plus de trois ans à former, et pour l’avenir de l’œuvre à laquelle il avait consacré sa vie. Dans cette prière, nous découvrons plusieurs vérités concernant la grandeur de Jésus et ce qui lui tenait à cœur.

À son propre sujet

Comme nous l’avons dit, Jésus prie d’abord pour lui-même. Il ne demande pas, comme nous l’aurions fait, le pardon de ses péchés. Il n’en avait pas commis. Il demande plutôt que Dieu lui rende la gloire dont il s’était dépouillé en venant dans ce monde. Écoutons ce qu’il dit en Jean 17.1-8 :

« Père, l’heure est venue ! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût. J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde… Je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. »

Loin d’être conscient des échecs de sa vie, comme nous le sommes très souvent, Jésus savait qu’il avait accompli l’œuvre que Dieu lui avait confiée. Il avait vécu en parfaite conformité à la justice de Dieu, il avait formé des hommes qui ont cru en lui, et dans quelques heures seulement il se laisserait crucifier pour le salut du monde. Par son obéissance, Jésus glorifiait le Père céleste. Il sait que le Père le glorifiera à son tour.

Insistons sur une idée ici : Jésus dit : « J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde… » Qu’est-ce que Jésus veut dire par « faire connaître le nom de Dieu » à ses apôtres ? N’étaient-ils pas des Juifs ? Les Juifs ne connaissaient-ils pas depuis des siècles le nom de Dieu ? Dieu avait dit à Moïse qu’il s’appelait « Je suis » ou « Yahweh » en hébreu. En français, ce nom a été transformé par certains en « Jéhovah ». Les Témoins de Jéhovah pensent que Jésus dit avoir enseigné à ses disciples que le nom de Dieu est Jéhovah. Les Pentecôtistes Unis et d’autres groupes pensent que le Seigneur avait fait comprendre aux disciples que le nom de Dieu est Jésus. En réalité, l’expression « le nom de Dieu » dans cette phrase n’a rien à voir avec l’appellation qu’on emploie pour parler de Dieu. Dans la pensée juive « le nom » ne signifiait pas tellement le nom par lequel on appelait la personne, mais plutôt son caractère ou sa nature dans la mesure où elle était révélée et connue. Par exemple, en Psaume 9.11 l’auteur dit : « Ceux qui connaissent ton nom se confient en toi. » Évidemment cela ne signifie pas que ceux qui savent que Dieu s’appelle Jéhovah se confieront en lui − les voisins païens des Israélites savaient comment s’appelait le Dieu des Israélites (1 Samuel 6.2; 2 Rois 18.22) ; cela veut dire que ceux qui connaissent le caractère et la nature de Dieu, qui savent comment il est, seront prêts à lui faire confiance pour tout. Le Psaume 20.8 dit, selon la traduction de Darby : « Ceux-ci font gloire de leurs chars, et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel notre Dieu. » Cela ne veut pas dire que nous nous vanterons de ce que Dieu s’appelle Jéhovah. Certains se confient à des aides humaines, mais nous nous confierons en Dieu parce que nous savons comment il est. En Ésaïe 52.6, après avoir promis délivrer Israël de ses oppresseurs, Dieu dit : « C’est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom. » Son peuple savait depuis fort longtemps les mots à utiliser pour parler de Dieu, mais quand Dieu les délivrerait de leurs ennemis, ils comprendraient encore plus clairement la grande puissance et la fidélité de Dieu.

Quand donc Jésus dit qu’il a fait connaître aux apôtres « le nom de Dieu », il veut dire qu’il leur a fait voir comment Dieu est. En fait, c’était une autre manière de dire ce que Jésus avait dit à Philippe en Jean 14.9 : « Celui qui m’as vu, a vu le Père. » Jésus ne veut pas dire qu’il est lui-même le Père céleste, mais qu’à travers lui et son caractère, les hommes peuvent connaître le caractère de Dieu le Père. Par Jésus, on connaît « le nom », c’est-à-dire le caractère, de Dieu.

À la veille de sa mort, Jésus anticipait son retour vers la gloire dont il avait joui avant de venir sur la terre. « Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût » (Jean 17.5).

Au sujet de ses apôtres

Jésus, voyant qu’il était sur le point de terminer sa mission, prie pour lui-même, pour que Dieu lui rende la gloire qu’il avait laissée. Mais il a aussi prié pour ses apôtres. Il dit :

« J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde… C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi… Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés,… Je leur ai donné ta parole ; et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. Sanctifie-les par ta vérité ; ta parole est la vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde. » (Jean 17.6,9,11,14-18)

Jésus était venu pour servir les hommes, et il a bien vécu dans le monde, au milieu des hommes pécheurs et éloignés de Dieu. Mais Jésus n’avait pas les mêmes valeurs que les hommes du monde, il n’était pas l’un d’eux. Quand on est différent des autres, on s’expose toujours au ridicule, à l’exclusion et à la persécution. Vouloir être juste dans un monde injuste, c’est dangereux. Les hommes se sentent condamnés quand ils sont en présence de quelqu’un qui refuse de participer au péché avec eux.

Jésus avait connu l’hostilité des hommes. Désormais, il ne serait plus au milieu de ces hommes, mais ses disciples y resteraient. Comme lui, ils seraient dans un monde auquel ils n’appartiendraient pas, et ils seraient haïs. Jésus sait par quelles épreuves ils passeraient. Il prie donc pour eux. Mais remarquons ce qu’il demande. Il ne veut pas que Dieu les ôte du monde. La sorte de christianisme qui se cache derrière les murs d’un monastère n’est pas le christianisme que Jésus a voulu. Il avait enseigné que le disciple doit être le sel de la terre. Mais le sel doit bien être en contacte avec la nourriture, sinon il ne peut pas l’assaisonner. Oui, il est bien de prendre des moments pour se retirer du bruit du monde pour communier avec Dieu, comme Jésus le faisait. Mais nous sommes quand même « envoyés dans le monde » comme Jésus l’a été. Sachant que les disciples seront donc au milieu d’un monde hostile, Jésus prie le Père de les garder, de les protéger du mal, et de les sanctifier ou consacrer par sa parole.

À notre sujet

Avant de faire face à la mort, Jésus a donc prié pour lui-même et il a prié pour ses apôtres, mais il a aussi prié pour nous qui croyons en lui aujourd’hui, nous qui avons cru grâce à la parole de ses apôtres. Il dit aux versets 20,21 : « Ce n’est pas pour eux seulement que je prie, mais encore pour ceux qui croiront en moi par leur parole, afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. »

Jésus a demandé que ceux qui croient en lui soient un, de la même manière que lui et son Père sont un. Jésus et son Père ne sont pas la même personne. Nous avons déjà vu que Jésus était aimé de son Père, avait de la gloire auprès du Père, et avait été envoyé par le Père. Ils n’étaient pas la même personne, mais ils étaient unis dans leur nature, unis dans un amour sans faille, et unis dans une harmonie parfaite en ce qui concerne la vérité, la parole à annoncer. Jésus avait dit en Jean 7.16 : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais de celui qui m’a envoyé. »

Si ceux qui croient en Jésus sont un comme lui et son Père sont un, cela se manifestera à au moins deux niveaux : Dans les assemblées locales on devrait trouver que les membres de l’Église du Seigneur s’aiment les uns les autres. Ils travaillent ensemble dans la paix, bannissant l’égoïsme et les querelles, s’acceptant et s’encourageant mutuellement. Au niveau de tous les croyants, on devrait trouver que ceux qui se réclament de Jésus-Christ prêchent les mêmes doctrines et suivent les mêmes pratiques dans l’adoration de Dieu. Ils sont d’accord les uns avec les autres comme Dieu et Jésus sont d’accord l’un avec l’autre.

Malheureusement, nous ne trouvons pas cette unité. Trop souvent dans les assemblées locales on voit des discordes, des palabres, des murmures, et parfois même des coups de poing ! Au niveau de tous les croyants, on voit des centaines, voir des milliers de dénominations, des Églises avec de nombreuses doctrines contradictoires. Certains prétendent qu’au fond, les chrétiens sont tous unis puisqu’ils croient tous en Jésus et à la Bible. Mais Jésus a prié pour une unité plus profonde que cela. Lui et Dieu sont parfaitement un − pas seulement sur un ou deux points fondamentaux. Un résultat de cette division des croyants, c’est que le monde n’est pas encore gagné pour le Christ. Jésus avait dit : « Qu’ils soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. » Il savait que la division des croyants serait un obstacle à la foi pour beaucoup de personnes.

Conclusion

Jésus a accompli sa mission. Il a fait connaître le nom, c’est-à-dire la nature même, de Dieu. Ses apôtres ont accompli leur mission. Au milieu d’un monde hostile, ils sont restés fidèles et ont porté à toutes les nations leur témoignage concernant Jésus-Christ. Ils ont été dans le monde, sans être du monde. Ceux qui croient en Jésus sont appelés, eux aussi, à être dans le monde sans être du monde. Ils ont aussi ce grand défi : de rechercher et puis conserver l’unité. Cela ne peut pas se faire par la force ; la vraie unité ne peut se réaliser que par un retour à la Bible, par une décision sincère de ne mettre en pratique rien que les enseignements de Jésus et de ses apôtres, contenus dans le Nouveau Testament.

Avant de mourir, on pense à ce qui est plus important. Nous voyons ce qui tenait au cœur de Jésus. Il voulait que nous soyons saints au milieu d’un monde pécheur, que nous apportions à ce monde la parole qui peut le sauver, et que nous soyons unis dans l’amour fraternel et la vérité biblique. Que le vœu de notre Seigneur soit aussi notre vœu le plus cher.

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