La vie d’Issa, al-Masih

32. Son discours sur la destruction de Jérusalem et la fin du monde

Compte tenu de la dureté de cœur de la plupart des Juifs, le châtiment de Dieu viendrait sur le peuple et sur la ville de Jérusalem. Vers la fin de sa vie, Jésus l’a annoncé plus d’une fois, tout en pleurant sur la ville, qu’il aimait. Un jour, en quittant la cour du temple, il a ajouté un détail frappant. Matthieu 24.1,2 dit : « Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions. Mais il leur dit : Voyez-vous cela ? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. »

Selon les historiens et les archéologues, le temple juif du temps de Jésus était très grand, très beau, et très impressionnant. C’était la fierté de tout le peuple juif. Il était tout paré d’or et reflétait la lumière du soleil levant au point d’aveugler le spectateur. Il avait été construit cinq cents ans auparavant, quand les Juifs étaient revenus de leur exil en Babylonie. Environ 50 ans avant la mort de Christ, le roi Hérode avait commencé à rénover et agrandir le temple, et les travaux n’avaient pas encore pris fin. Certaines pierres utilisées dans sa construction mesuraient douze mètres de long et pesaient plusieurs tonnes. Une des galeries du temple avait plus de 500 mètres de longueur. Dans un monde sans dynamite, sans bulldozer, sans grues ni autre machine moderne de construction ou de destruction, il était très difficile de concevoir que ce bâtiment énorme soit détruit si complètement. Mais Jésus dit : « Il ne restera pas ici une seule pierre posée sur une autre ; tout sera renversé. »

Ces paroles de Jésus ont, bien sûr, étonné ses disciples. La petite bande l’a suivi hors de la ville, a traversé l’étroite vallée du Cédron, et s’est assise avec le Maître sur la montagne des oliviers, d’où ils avaient une vue magnifique du temple. Là, ils ont posé les questions qui brûlaient en eux depuis la déclaration du Seigneur concernant ce temple : « Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde ? » (Matthieu 24.3). Les deux chapitres qui suivent contiennent la réponse de Jésus.

L’erreur des disciples

Les Juifs croyaient qu’il y aurait un grand jugement à la fin du monde. Jésus lui-même avait souvent parlé du jour du jugement, ainsi que d’un état de bonheur éternel et de châtiment éternel. Les hommes de Sodome et de Ninive, la reine de Séba, Abraham, Isaac et Jacob, les contemporains de Jésus − tous seraient concernés par ce jugement. Jésus avait dit en Jean 5.28,29 que le jour viendrait où tous les morts entendraient sa voix et sortiraient des tombeaux. Les uns ressusciteraient pour la vie éternelle, les autres pour la condamnation. Après ce jour, tous seraient soit à l’enfer, soit au ciel. Il n’y aurait donc plus besoin d’une terre. L’Ancien Testament avait dit que le ciel et la terre physiques ne seraient pas pour toujours, mais que les cieux s’évanouiraient comme une fumée, et la terre tomberait en lambeaux comme un vêtement (Ésaïe 51.6). Selon 2 Pierre 3.10, « en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée ».

Quand les disciples de Jésus l’ont entendu dire que l’énorme, le magnifique temple de Jérusalem serait totalement détruit, ils ont supposé que le Seigneur parlait de la fin du monde. Ils pensaient que le temple ne pourrait être détruit que lorsque toute la terre aurait servi son but et disparaîtrait. Ils ont associé la destruction du temple et la fin du monde comme si les deux événements auraient lieu le même jour. Mais ils avaient tort.

La destruction de Jérusalem

Jésus les avertit au verset suivant : « Prenez garde que personne ne vous séduise. » Puis, il s’est mis à parler de certaines choses qui ne seraient pas des signes de la fin. Il dit que de faux Christs et de faux prophètes viendraient pour séduire des hommes. Il y aurait des guerres, des tremblements de terre, et des famines, et la bonne nouvelle serait prêchée dans le monde entier. Ces choses arriveraient avant la fin, mais ce ne serait pas encore la fin. En fait, ce sont des choses qui ont existé dans toutes les périodes d’histoire depuis le temps de Jésus jusqu’à nos jours.

Mais à partir du verset 15, non seulement il donne un signe clair qu’il parle de la destruction de la ville de Jérusalem plutôt que de la fin du monde, mais il donne des instructions qui n’auraient aucun sens s’il parlait de sa venue pour juger tous les hommes. Il dit :

« C’est pourquoi, lorsque vous verrez l’abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel, établi en lieu saint, – que celui qui lit fasse attention ! – alors, que ceux qui sont en Judée fuient dans les montagnes ; que celui qui sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans la maison ; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau. »

Le signe que Jésus donne ici est « l’abomination de désolation ». Dans l’Évangile de Luc, le langage est plus clair. Là Jésus dit : « Quand vous verrez Jérusalem encerclée par des armées, vous saurez, à ce moment-là, qu’elle sera bientôt détruite » (Luc 21.20).

Jérusalem était une ville fortifiée et bien située pour être défendue par ses habitants. Normalement, quand un ennemi venait contre un pays, les habitants prenaient refuge dans les villes fortifiées. C’était la raison pour laquelle ils s’étaient donné tant de peine pour construire ces hautes murailles. Mais Jésus conseille à ses disciples, non pas de chercher la protection de la ville forte, mais de fuir vers les montagnes, de quitter la Judée. Il dit que, puisqu’il faudrait fuir, ce serait plus difficile pour les femmes enceintes, plus difficile en cas de mauvais temps, et très difficile si c’était un jour de sabbat et que les portes de la ville étaient fermées. Évidemment, si Jésus venait pour le dernier jugement, il ne servirait à rien de fuir dans les montagnes. Personne ne pourra se cacher en ce jour-là. Les premiers chrétiens ont bien compris que Jésus parlait de la destruction de Jérusalem. Quand ils ont vu, presque 40 ans après la mort de Jésus, que des armées romaines avaient entouré la ville, les chrétiens ont fait le contraire des Juifs non-croyants. Au lieu de se diriger vers la ville pour s’y réfugier, ils ont fui jusqu’à l’autre côté du Jourdain, à un endroit appelé Pella. Plus d’un million de Juifs sont morts dans la chute de la ville, mais les chrétiens ont échappé en suivant les instructions du Seigneur. Jésus les avait prévenus. Aux versets 32,33 il dit : « Instruisez-vous par une comparaison tirée du figuier. Dès que ses branches deviennent tendres, et que les feuilles poussent, vous connaissez que l’été est proche. De même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, à la porte. »

C’est Jésus, le Fils de l’homme qui serait proche, parce que la venue de l’armée de l’Empire romain pour détruire la ville de Jérusalem était, en quelque sorte, une venue du Seigneur Jésus. La venue du Seigneur sur les nuées, comme sur un char de guerre, pour exercer un jugement est une image souvent employée dans l’Ancien Testament. En Ésaïe 19.1, par exemple, le prophète parle d’une intervention de Dieu dans l’histoire pour punir l’Égypte. Il dit : « Voici, l’Éternel est monté sur une nuée rapide, il vient en Égypte ; et les idoles de l’Égypte tremblent devant lui, et le cœur des Égyptiens tombe en défaillance. » Dieu ne viendrait pas visiblement dans les nuages ; ce langage veut dire simplement que Dieu dirige l’histoire, et c’est lui-même qui envoyait le malheur sur la nation égyptienne. Jésus a employé le même langage pour prédire le jugement contre la nation juive quand il dit aux souverains sacrificateurs : « Vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel » (Matthieu 26.64). Jésus ne venait pas visiblement à ce moment comme il le fera à la fin des temps, mais c’est bien lui qui agissait à travers l’armée romaine pour punir les Juifs rebelles.

La fin du monde

Jusqu’au verset 34, tout ce que Jésus dit peut se rapporter à la question de la destruction de Jérusalem et de son temple. Ce jugement symbolise le jugement de toute la terre qui viendrait plus tard. Beaucoup d’expressions qui sont utilisées dans ce passage pour parler de la venue de Jésus pour juger la nation juive en l’an 70 s’appliquent encore plus profondément et plus littéralement à sa venue pour le jugement dernier du monde entier. Selon les anges en Actes 1, Jésus doit revenir à la fin des temps comme il est parti, sur des nuages. Ce sera plus qu’une simple image. À partir du verset 35, où Jésus dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point », Jésus parle de ce jour où le monde prendra fin. Mais tandis qu’il avait donné des signes pour reconnaître le moment où Jérusalem serait détruite afin que ses disciples puissent éviter le désastre, Jésus se donne de la peine pour souligner l’absence totale de signes avant-coureurs de la fin du monde et de sa deuxième venue. Il dit en Matthieu 24.36 : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul. » Il déclare que son retour sera, comme le déluge au temps de Noé, complètement inattendu. Jusqu’au jour même où Noé et sa famille entrèrent dans l’arche, la vie continuait comme d’habitude. Pas de signes ! Jésus compare la nature inattendue de son retour aux activités du voleur. Comme la venue d’un voleur dans la nuit n’est précédée d’aucun signe, de même la venue de Jésus ne sera précédée d’absolument aucun signe.

Jésus prononce, alors, une série de trois paraboles pour faire comprendre aux disciples la nécessité d’être toujours prêts. Ce sont les paraboles des deux serviteurs, des dix vierges et des talents ; elles insistent toutes sur l’importance de faire son devoir afin d’être récompensé lors de la venue inattendue du Seigneur. Après ces paraboles, Jésus décrit une scène de jugement qui, encore, ne s’applique point à la destruction de Jérusalem en l’an 70, mais plutôt à ce grand jour qui vient :

« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui. Il séparera les uns d’avec les autres, comme le berger sépare les brebis d’avec les boucs ; et il mettra les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde…Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges… Et ceux-ci iront au châtiment, mais les justes à la vie éternelle. » (Matthieu 25.31-34,41,46)

Conclusion

Les paroles de Jésus concernant la destruction de Jérusalem se sont accomplies. En 70 apr. J.-C., les Romains ont pris la ville, et comme Jésus l’avait dit, ils n’ont pas laissé une pierre du temple posée sur une autre. Mais ceux qui ont suivi les conseils du Seigneur ont eu la vie sauve. Ses paroles concernant la fin du monde et le dernier jugement s’accompliront certainement, aussi. Obéissez donc à l’Évangile, et demeurez fidèle chaque jour. Dans les paroles de Matthieu 24.46 : « Heureux ce serviteur que son maître à son arrivée trouvera faisant ainsi. »

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