La vie d’Issa, al-Masih

31. Malheur à vous, scribes et pharisiens !

Jésus a toujours été connu pour sa douceur, sa tendresse, sa disposition à pardonner, et sa patience avec les hommes faibles qui viennent à lui. Avec certaines personnes, cependant, Jésus était généralement très sévère : il s’agit des hypocrites. « Hypocrite » vient d’un mot grec qui veut dire « acteur ». L’hypocrite fait semblant d’être quelqu’un qu’il n’est pas. Il essaie de faire croire aux autres qu’il aime Dieu, mais ce n’est pas vrai.

En Matthieu 23, Jésus adresse des paroles dures à deux groupes d’hommes dans la société juive qui étaient pour la plupart des hypocrites : il s’agit des scribes et des pharisiens. En tant qu’experts de la loi, les scribes étaient respectés comme enseignants. Les Pharisiens étaient une secte influente dont les membres s’efforçaient de garder la loi et les traditions juives dans les moindres détails. Ils méprisaient les autres, mais ils étaient quand même respectés pour leur pureté exceptionnelle. Bon nombre des scribes étaient en même temps des pharisiens.

Les scribes et pharisiens n’existent peut-être plus, mais beaucoup d’hommes religieux de toute époque leur ressemblent. Des dirigeants chrétiens ou musulmans, tout comme les simples fidèles, se rendent parfois coupables des mêmes fautes que Jésus a condamnées si fort. Voyons donc deux traits qui sont étrangers à l’esprit du christianisme, que nous devons éviter soigneusement.

L’amour des honneurs, des titres, et de la gloire des hommes

Une faute grave que Jésus a condamnée chez les scribes et pharisiens était l’amour de la gloire des hommes. Écoutez sa description de ces hommes en Matthieu 23.

« Les scribes et pharisiens… font toutes leurs actions pour être vus des hommes. Ainsi, pour les paroles sacrées qu’ils portent au front ou au bras, ils ont des étuis particulièrement grands ; les franges de leurs manteaux (pour rappeler les commandements de Dieu) sont exceptionnellement larges. Ils aiment les meilleures places dans les grands repas et les sièges les plus en vue dans les synagogues ; ils aiment à recevoir des salutations respectueuses sur les places publiques et à être appelés par les hommes Rabbi, Rabbi. Mais vous, ne vous faites pas appeler Rabbi ; car un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. Ne vous faites pas appeler directeur ; car un seul est votre Directeur, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé. » (Matthieu 23.5-12)

Ces chefs religieux des Juifs se distinguaient par leur habillement. Des chefs religieux de nos jours, aussi, portent des soutanes ou des cols blancs renversés qui les distinguent des autres fidèles. Ceux du temps de Jésus aimaient les meilleures places. Ceux de nos jours, aussi, aiment s’asseoir sur des pagnes de valeur ou dans des fauteuils où tout le monde les voit. Les scribes et les pharisiens aimaient les salutations respectueuses, telles que « rabbi » ou « maître ». Les chefs religieux de nos jours ont multiplié les titres d’honneur. Ils apprennent aux fidèles à les appeler « mon père », malgré le fait que Jésus a dit clairement : « Un seul est votre Maître, et vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre Père, celui qui est dans les cieux. » Ils se font appeler « président », « révérend », ou « monseigneur ». Jésus enseigne qu’il y a des honneurs et des titres qui ne nous appartiennent pas et que nous ne devons ni accorder aux hommes ni accepter de leur part. « Ne vous faites pas appeler Rabbi… N’appelez personne sur la terre votre père… Ne vous faites pas appeler directeurs. »

Dans le livre des Actes nous voyons un exemple positif et un exemple négatif en ce qui concerne les honneurs. L’exemple négatif est celui du roi Hérode Agrippa I au chapitre 12.20-23 ; il est frappé par Dieu, et il meurt. Pourquoi ? Parce que lorsque le peuple acclamait son discours, en disant : « Voix d’un dieu et non d’un homme », il ne l’a pas repris. Il n’a pas corrigé le peuple mais accepta par son silence qu’on lui accorde un honneur qui ne lui revenait pas. L’exemple positif se trouve au chapitre 10.24-26, où l’apôtre Pierre va chez un non-Juif nommé Corneille pour lui prêcher l’Évangile. Le texte dit : « Lorsque Pierre entra, Corneille, qui était allé au-devant de lui, tomba à ses pieds et se prosterna. Mais Pierre le releva, en disant, Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme. »

Un mot que la Bible emploie pour parler des anciens ou évêques qui veillent sur une assemblée locale de chrétiens est le mot pasteur. Ce mot, qui veut dire « berger », fait ressortir les ressemblances entre les anciens d’une Église et les bergers qui protègent, nourrissent, soignent et dirigent un troupeau de brebis. Même ce mot biblique est de nos jours transformé en titre honorifique. On apprend aux fidèles et même aux non-croyants à saluer en disant : « Bonjour, mon Pasteur », ou : « Je vous présente Monsieur le Pasteur. » On parle couramment du « pasteur titulaire » chez les uns et « pasteur suprême » chez les autres.

Il ne faut pas se laisser séduire par les honneurs des hommes. On ressemblera vite aux scribes orgueilleux que le Seigneur reprochait. Il est temps que les enseignants et leaders religieux prennent à cœur l’avertissement de Jésus : « Quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé » (Matthieu 23.12).

Attention à l’extérieur, négligence de l’intérieur

Un deuxième trait des scribes et pharisiens qui est contraire à l’esprit du christianisme est le fait de donner une attention excessive aux aspects extérieurs de la religion tout en négligeant l’état des cœurs, la moralité et la compassion.

Jésus leur dit :

« Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous prenez aux veuves tout ce qu’elles possèdent et, en même temps, vous faites de longues prières pour paraître bons. C’est pourquoi vous recevrez une punition d’autant plus grande…Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, mais à l’intérieur ils sont pleins du produit de vos vols et de vos mauvais désirs. Pharisien aveugle ! Nettoie d’abord l’intérieur de la coupe et alors l’extérieur deviendra également propre. Malheur à vous, maîtres de la loi et Pharisiens, hypocrites ! Vous ressemblez à des tombeaux blanchis qui paraissent beaux à l’extérieur mais qui, à l’intérieur, sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture. Vous de même, à l’extérieur vous paraissez bons aux hommes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal. » (Matthieu 23.14,25-28)

Les scribes et les pharisiens étaient très religieux. On les voyait prier. On les voyait faire l’aumône. En Luc 18 Jésus parle d’un Pharisien qui dit qu’il jeûnait deux fois par semaine et donnait à Dieu la dîme, c’est-à-dire la dixième part, de tout ce qu’il gagnait, conformément à la loi de Moïse. En Matthieu 23.23 Jésus reconnaît qu’ils étaient tellement scrupuleux en ce qui concerne la dîme, qu’ils mesuraient et donnaient la dixième part même des plantes comme la menthe et le cumin qui poussaient à côté de la cuisine et que l’on prenait pour assaisonner les plats. Malheureusement, Jésus doit ajouter : « Mais vous négligez les enseignements les plus importants de la loi, tels que la justice, la bonté et la fidélité : c’est pourtant là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger le reste. » Il ne faut pas négliger de veiller soigneusement à son devoir de donner à Dieu comme il le faut. Mais les dîmes, les jeûnes et les prières ne sont pas la partie la plus fondamentale de ce que Dieu nous demande. Ils ne peuvent jamais remplacer la justice, la bonté et la fidélité. Dieu avait dit la même chose aux Israélites par le prophète Ésaïe :

« Ils me demandent : À quoi bon pratiquer le jeûne si tu ne nous vois pas ? À quoi bon nous priver si tu ne le remarques pas ? Alors je réponds : Constatez-le vous-mêmes : jeûner ne vous empêche pas de vous livrer à vos penchants, de malmener vos employés, ni de vous quereller ou de donner des coups de poing ! Quand vous jeûnez ainsi votre prière ne m’atteint pas. » (Ésaïe 58.3,4)

De nos jours encore, beaucoup pensent que l’essentiel de la religion c’est le fait de réciter des prières, de donner de l’argent, d’observer un mois de jeûne ou une fête annuelle, de se prosterner ou baisser la tête au moment voulu, de se couvrir la tête ou d’enlever les chaussures, etc. Ils prennent beaucoup de soin dans ces choses, mais leurs voisins les voient souvent comme impolis, malhonnêtes, méchants, arrogants ou palabreurs. Ils ne paient pas leurs employés ou ils pratiquent la corruption de tout genre. Ce que Jésus dit aux scribes et Pharisiens s’applique à eux, aussi : « Conducteurs aveugles ! Vous filtrez votre boisson pour en éliminer un moustique, mais vous avalez un chameau ! » (Matthieu 23.24)

Dans les versets 16 à 22 il parle de leur façon de faire des distinctions légales entre telle ou telle formule quand ils juraient. Si, par exemple, ils juraient sur le temple mais pas sur l’or du temple, ils ne se voyaient pas tenus à garder leur parole. Ils étaient bien religieux, mais au fond ils n’étaient pas des hommes honnêtes et fidèles à leurs promesses. Ils s’occupaient des formalités de la religion, mais non de la véritable moralité. Par ces manœuvres, ils se persuadaient qu’ils étaient justes. On voit à quel point ils étaient aveugles quand on considère qu’ils allaient plus tard chercher de faux témoins pour pouvoir condamner Jésus lors de son procès, mais en même temps ils se souciaient de leur pureté cérémonielle qui serait, croyaient-ils, compromise s’ils rentraient chez un non-Juif. Ainsi, Jean 18.28 nous dit : « On emmena Jésus de chez Caïphe au palais du gouverneur (romain)… Mais les chefs juifs n’entrèrent pas dans le palais afin de ne pas devenir impurs et de pouvoir manger le repas de la Pâque. »

Conclusion

Comme nous l’avons dit, Jésus, si réputé pour sa douceur, parle avec sévérité à ces hypocrites. Aux versets 33-36 de Matthieu 23, il annonce le châtiment de Dieu qui viendrait sur ces hommes :

« Serpents, race de vipères ! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne ? C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre… Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération. »

Mais ne pensons pas que Jésus prenait plaisir à l’idée que ce peuple serait ainsi puni. Aux versets 37 et 38 il se lamente sur la ville : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ! Voici, votre maison vous sera laissée déserte. »

L’hypocrisie est toujours un danger. Elle s’introduit dans la vie de l’homme pieux et l’éloigne de plus en plus de Dieu. Méfions-nous donc de tous les signes de ce mal, y compris un amour pour les honneurs et la gloire des hommes, et une trop grande attention aux aspects extérieurs de la religion. Écoutons l’avertissement de Jésus : Ne négligeons pas les enseignements les plus importants, tels que la justice, la bonté et la fidélité : c’est là ce qu’il faut pratiquer, sans négliger le reste.

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