La vie d’Issa, al-Masih

29. L’entrée triomphale

On dit souvent que Jésus à été rejeté par son peuple, par les Juifs. Cela n’est pas totalement vrai. Oui, il a été livré aux autorités romaines par les chefs juifs ; oui, ils ont manipulé une foule juive pour qu’elle demande sa crucifixion ; et oui, la majorité des Juifs ne s’est pas convertie au christianisme. Mais ce n’est pas vrai que les Juifs ne voulaient pas du tout de Jésus. Ils le voulaient bien pour roi, mais non pour la sorte de roi qu’il fallait. Jésus a refusé de se conformer à leurs attentes, parce qu’il est venu accomplir la mission que Dieu le Père lui avait confiée. C’est ce qui ressortira de notre étude aujourd’hui.

Notre texte est pris dans Matthieu 21, Luc 19 et Jean 12 :

« Jésus marcha devant la foule, pour monter à Jérusalem. » (Luc 19.28)

« Lorsqu’ils s’approchèrent de Jérusalem, et qu’ils furent arrivés à Bethphagé, vers la montagne des Oliviers, Jésus envoya deux disciples, en leur disant : Allez au village qui est devant vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée, et un ânon avec elle ; détachez-les, et amenez-les-moi. Si quelqu’un vous dit quelque chose, vous répondrez : Le Seigneur en a besoin. Et à l’instant il les laissera aller. Or, ceci arriva afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici, ton roi vient à toi, plein de douceur, et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d’une ânesse. Les disciples allèrent, et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent sur eux leurs vêtements, et le firent asseoir dessus. La plupart des gens de la foule étendirent leurs vêtements sur le chemin ; d’autres coupèrent des branches d’arbres, et en jonchèrent la route. Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts ! » (Matthieu 21.1-9)

« …Une foule nombreuse de gens venus à la fête ayant entendu dire que Jésus se rendait à Jérusalem, prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël ! Ses disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais, lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent qu’elles étaient écrites de lui, et qu’ils les avaient accomplies à son égard. Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, lui rendaient témoignage ; et la foule vint au-devant de lui, parce qu’elle avait appris qu’il avait fait ce miracle. Les pharisiens se dirent donc les uns aux autres : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici, le monde est allé après lui. » (Jean 12.13,16-19)

« Quelques pharisiens, du milieu de la foule, dirent à Jésus : Maître, reprends tes disciples. Et il répondit : Je vous le dis, s’ils se taisent, les pierres crieront. Quand Jésus fut près de la ville et qu’il la vit, il pleura sur elle, en disant : Si seulement tu comprenais toi aussi, en ce jour, ce qui peut te donner la paix. Mais maintenant cela t’est caché, tu ne peux pas le voir ! Car des jours vont venir pour toi où tes ennemis t’entoureront d’ouvrages fortifiés, t’assiégeront et te presseront de tous côtés. Ils te détruiront complètement, toi et ta population ; ils ne te laisseront pas une seule pierre sur une autre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où Dieu est venu te secourir ! » (Luc 19.39-44)

Pour comprendre cette scène, nous allons nous concentrer sur trois choses : les cris de la foule, l’ânon sur lequel Jésus est monté, et les larmes qu’il a versées.

« Hosanna ! »

Dans moins d’une semaine, la fête juive de la Pâque devait avoir lieu. On a estimé que chaque année à cette époque plus de deux millions et demi de Juifs se trouvaient à Jérusalem pour participer à la fête. Les pèlerins venaient de partout. Une grande foule accompagnait Jésus, qui, malgré les menaces de mort contre lui par les chefs juifs, se rendait aussi à Jérusalem. Une autre foule sortait de la ville à sa rencontre. Le bruit avait couru que celui qui avait ressuscité Lazare d’entre les morts s’approchait de Jérusalem, et les multitudes allaient pour l’accueillir avec joie. Les deux foules se sont croisées comme deux immenses vagues de la mer, et toute cette masse d’humanité criait les louanges de Jésus.

Ils disaient : « Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Hosanna est un mot hébreu qui signifie « Sauve maintenant ! ». Il correspond au cri des anglais : « God save the king » ou « Vive le roi ». Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Ces mots venaient du Psaume 118, un psaume que les Juifs chantaient lors de certaines grandes célébrations. C’était aussi le psaume du conquérant. Ce fut avec ce psaume que, par exemple, la foule à Jérusalem avait accueilli le général Simon Maccabée après sa victoire sur les armées syriennes deux siècles auparavant. Ceux qui chantaient ces mots pour acclamer Jésus le recevaient sans aucun doute comme l’oint de Dieu, le Messie, le Libérateur, Celui qui devait venir. Et on le voyait certainement comme un champion, un conquérant. Les gens pensaient qu’en peu de temps les trompettes sonneraient pour appeler les Juifs aux armes, avec Jésus de Nazareth à leur tête. La nation juive chasserait les romains et jouirait d’une victoire sur tous ses ennemis.

Ils étaient très loin de rejeter Jésus à ce moment. Les dirigeants des Juifs étaient presqu’au désespoir, voyant leur position sérieusement menacée. Le peuple se débarrasserait volontiers de ces collaborateurs des Romains pour suivre un tel descendant du grand roi David.

Certains religieux aujourd’hui enseignent que Jésus allait réellement s’installer comme roi à Jérusalem et régner sur un royaume physique. Puisque les Juifs n’ont pas cru en lui et l’ont fait mourir, il n’aurait pas pu le faire. Il a plutôt établi l’Église et aurait remis le début de ce règne sur terre à plus tard. Ce sera, selon ces personnes, lors de son deuxième avènement que les Juifs se convertiront en masse et qu’il s’assiéra sur son trône. De nombreux passages de la Bible démentent cette interprétation. Le récit de cette entrée triomphale de Jésus dans la ville de Jérusalem montre aussi qu’elle est fausse. Ces multitudes qui criaient « Hosanna » voulaient justement que Jésus soit à la tête d’un royaume juif. C’est Jésus qui ne l’a pas voulu.

Un ânon, le petit d’une ânesse

Dans une telle situation, Jésus n’aurait pas pu s’adresser à ces immenses foules surexcitées ; il n’aurait pas pu se faire entendre. Il a donc fait quelque chose que tous pouvaient voir. Il est arrivé monté sur un âne. Cet acte était deux choses. Premièrement, Jésus se disait par là le Messie. Il a fait ce que le prophète Zacharie avait prédit concernant le Messie en Zacharie 9.9 : « Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici, ton roi vient à toi ; Il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, sur un âne, le petit d’une ânesse. » Jésus s’identifiait clairement à cette prophétie. Il prétendait être le Messie, le roi.

Mais deuxièmement, il se disait par cette action une certaine sorte de Messie. L’âne était bien une monture respectable. La Bible mentionne plusieurs grands personnages qui montaient des ânes. Mais un roi montait un cheval quand il partait en guerre ou revenait vainqueur d’une bataille ; il montait un âne quand il venait en paix. Jésus monté sur un âne symbolise le fait qu’il est le prince de la paix. Il ne venait pas pour juger les coupables ou faire la guerre contre qui que ce soit. Il venait à Jérusalem dans le but de donner sa propre vie pour établir la paix entre un Dieu saint et des hommes pécheurs.

Mais personne n’a compris le geste de Jésus à ce moment-là. Ils étaient trop entraînés dans l’euphorie et l’excitation. Voici celui qu’on attendait depuis des siècles ! Mais ils voyaient le Messie de leurs rêves et non pas le Messie que Dieu leur envoyait, celui dont ils avaient le plus besoin. Dans leur ensemble, ils ne voulaient pas vraiment d’un Messie qui venait les sauver du péché.

Les pleurs de Jésus

Jésus aurait pu être flatté par les louanges qu’on lui adressait. Il aurait pu considérer ce jour comme son heure de gloire. Mais il comprenait trop clairement la réalité qui était devant lui. Comme Jean 2.23-25 dit concernant des Juifs qui avaient vu des miracles et avaient cru en lui : « Jésus n’avait pas confiance en eux, parce qu’il les connaissait tous très bien. Il n’avait pas besoin qu’on le renseigne sur les hommes, car il savait lui-même ce qu’il y avait dans leur cœur. » Il savait que ces multitudes ne comprenaient pas pourquoi il était venu, et ne voulaient pas comprendre. Une foule dans cette même ville demanderait son sang moins d’une semaine plus tard. Peut-être que certains qui criaient « hosanna » seraient parmi ceux qui crieraient « Crucifie-le, crucifie-le ! ». Les habitants de cette même ville persécuteraient ses apôtres et tous ceux qui accepteraient leur message de salut en Christ. En voyant tout cela d’avance, Jésus ne pouvait que pleurer sur la ville de Jérusalem. Avec tendresse et regret, il dit à la ville : « Tes ennemis…te détruiront complètement, toi et ta population ; ils ne te laisseront pas une seule pierre sur une autre, parce que tu n’as pas reconnu le temps où Dieu est venu te secourir » (Luc 19.44).

Conclusion

Jésus fut donc rejeté par les Juifs parce qu’il a refusé de se conformer à leurs idées de ce qu’un Messie devait être. Jésus ne serait pas un guerrier ou un homme sanguinaire – ni pour des fins politiques ni pour des fins spirituelles. Il ne ferait pas de convertis avec l’épée. Dieu ne veut pas qu’on le serve par contrainte mais par amour.

Jésus ne serait pas un roi politique. Contrairement aux Juifs, il n’avait pas l’ambition de régner sur des territoires géographiques à la manière des gouvernements humains. Il veut régner sur des cœurs. Il n’a pas demandé l’union de l’Église et de l’état ou de la mosquée avec le gouvernement. Bien sûr, si ses enseignements imprègnent réellement une société, il y aura un impact très positif sur les lois, les institutions, et les comportements des citoyens aussi bien que des dirigeants, quelle que soit la forme du gouvernement – que ce soit une monarchie ou une démocratie. Mais les changements qui auront une importance éternelle doivent venir du dedans, du cœur des hommes qui ont accepté Jésus individuellement comme leur roi et non pas les changements qui seront votés par des parlements ou décidés par des chefs d’état. Jésus est bien roi, mais son royaume n’est pas de ce monde.

Enfin, Jésus ne serait pas un roi pour les Juifs seulement. Si l’occasion de devenir citoyens de son royaume spirituel devait être offerte premièrement aux Juifs, elle devait s’offrir par la suite à tous les hommes. Et dans ce royaume, il n’y aurait plus ni Juif ni Grec, mais tous seraient un en Jésus-Christ.

Si nous voulons recevoir Jésus comme notre roi aujourd’hui, acceptons-le sur ses propres termes. Qu’il nous libère, non pas d’une oppression politique ou sociale, mais du règne du péché dans notre vie. Ce sera la vraie liberté.

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