La vie d’Issa, al-Masih

13. Le sermon sur la montagne (première partie)

L’un des sermons les mieux connus et les plus étudiés dans l’histoire du monde fut prêché par le charpentier de Nazareth, Jésus-Christ. Ce discours, qui se trouve dans l’Évangile de Matthieu 5,6 et 7, est appelé généralement « le sermon sur la montagne ». Il contient de nombreux passages et expressions qui sont connus et cités par des chrétiens et même des non-chrétiens dans le monde entier. Certains ont dit qu’il contient l’enseignement de Jésus le mieux connu, mais le moins compris et le moins obéi.

Avant de lire ce sermon il est utile de remarquer la fin de Matthieu chapitre 4, où le thème général de la prédication de Jésus est donné. Au verset 17 nous lisons : « Dès ce moment, Jésus commença à prêcher, et à dire : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. » Au verset 23 l’auteur ajoute : « Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple… » Dans ces versets nous apprenons que Jésus appelait les Juifs à se repentir, à se préparer pour la venue du royaume des cieux. Sa venue était proche. Ce royaume n’est plus proche. Il est là depuis près de 2.000 ans, mais il reste toujours à chacun de nous d’y entrer. Toutes les bénédictions spirituelles que Dieu offre sont pour ceux qui sont citoyens du royaume. Quand Jésus a parlé avec Nicodème, il a déclaré qu’il fallait naître de nouveau, naître d’eau et d’esprit pour entrer dans le royaume. On y entre par la foi et le baptême. Dans le sermon sur la montagne, Jésus va nous faire savoir la sorte de personne qui pourra entrer dans son royaume, et la sorte de vie qui est exigée de ses citoyens.

Il commence son sermon par ce qu’on appelle les béatitudes. Comme vous allez le deviner, une béatitude est une proclamation de bonheur à cause d’un don ou d’un honneur promis. C’est aussi un appel à adopter une attitude ou conduite donnée.

« Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne ; et, après qu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. Puis, ayant ouvert la bouche, il les enseigna, et dit : Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! Heureux les affligés, car ils seront consolés ! Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre ! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés ! Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu ! Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! » (Matthieu 5.1-10)

Chaque béatitude est composée de trois éléments : une bénédiction, une condition, et une promesse. La partie « bénédiction », c’est le mot « heureux ». La partie « condition » précise la sorte de personne qui est appelée heureuse, par exemple, les pauvres en esprit ou ceux qui pleurent. Et la partie « promesse », c’est là où Jésus dit « le royaume des cieux est à eux » ou « ils verront Dieu ».

Les promesses

Pour toutes les huit béatitudes, Jésus donne essentiellement la même promesse, mais il l’exprime par une image différente chaque fois. Ceux à qui appartient le royaume, sont aussi ceux qui seront consolés, qui seront rassasiés, qui obtiendront miséricorde, qui verront Dieu, et qui seront appelés fils de Dieu. La promesse est que ceux qui remplissent les conditions que Jésus nomme seront acceptés par Dieu, pardonnés, accueillis au paradis, et reconnus comme le peuple de Dieu, comme ses enfants. Même l’expression « hériter la terre » ne se réfère pas à cette terre physique, mais à la terre promise, notre patrie céleste, l’héritage que Dieu promet à ses fidèles.

Les conditions

Quelles sont donc les conditions que Jésus a annoncées pour ceux qui voudraient avoir part à son royaume ? Quels sont les traits de caractère de ses citoyens ?

Le premier trait c’est la pauvreté d’esprit. En Apocalypse 3.17-19 Jésus s’est adressé à un groupe d’hommes qui n’avaient pas cette qualité. Il leur dit :

« Parce que tu dis : Je suis riche, je me suis enrichi, et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu, je te conseille d’acheter de moi de l’or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche… Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime. Aie donc du zèle, et repens-toi. »

Ces gens étaient le contraire de pauvres en esprit. Être pauvre en esprit, c’est être humble, se reconnaître pécheur et incapable de se sauver soi-même. Si tu n’es pas pauvre en esprit, tu ne pourras pas prendre le premier pas pour entrer dans le royaume. Si tu ne sais pas que tu es pécheur, ce n’est pas la peine de te parler de la grâce de Dieu ou de la mort de Christ pour tes péchés. Les humbles sont les seuls à recevoir le royaume parce qu’ils sont les seuls à le rechercher.

Le deuxième groupe que Jésus proclame « heureux » sont « les affligés », ceux qui sont tristes. Il s’agit sûrement de ceux qui ont la tristesse selon Dieu qui mène à la repentance, ceux qui sont tristes d’avoir fait le mal. « En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort » (2 Corinthiens 7.9,10). Jacques 4.8-10 contient la même idée : « Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez vos cœurs, hommes irrésolus. Sentez votre misère ; soyez dans le deuil et dans les larmes ; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. » Il faut être dans le deuil pour nos péchés ; Dieu élèvera ceux qui s’humilient.

La troisième béatitude parle des « doux ou débonnaires » – la douceur en question n’est pas la faiblesse ou la timidité ; la Bible dit que Jésus était « doux et humble de cœur », mais il avait beaucoup de courage. En grec, ce mot était utilisé à l’origine pour décrire un animal sauvage qu’on avait apprivoisé ou domestiqué. Un cheval sauvage est plein de force et d’énergie, mais il n’est utile à personne. Quand il est apprivoisé et dressé, il peut transporter un homme ou tirer une charrue ou un chariot. Tout comme les animaux doivent être dressés et soumis à la volonté des hommes, de même les hommes doivent se soumettre à la volonté de Dieu. Un homme doux n’est pas faible, mais il se soumet à l’influence de Dieu dans sa vie. C’est ainsi que Jacques 1.21 nous dit de recevoir « avec douceur la parole qui peut sauver nos âmes ».

Ensuite Jésus dit : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice. » La justice dans ce contexte veut dire tout ce que Dieu nous a ordonné d’être et de faire. « Celui qui pratique la justice est juste, comme lui-même est juste » (1 Jean 3.8). La faim et la soif indiquent un désir très fort. Si tu veux être heureux éternellement, tu dois désirer la justice autant qu’un homme mourant de faim et de soif désire de la nourriture et de l’eau. II ne pense pas à autre chose.

La cinquième béatitude proclame le bonheur des « miséricordieux ». La miséricorde est la compassion pour la misère d’un autre, une compassion exprimée en action. Cette action peut être le don d’une aide matérielle ou physique ou bien le don du pardon. Elle est plus que la pitié, qui est un sentiment plutôt qu’une action. Elle s’exerce surtout envers les malheureux et les coupables. Jésus a enseigné la miséricorde envers les malheureux dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10.30-37) et la miséricorde envers les coupables dans la parabole du serviteur impitoyable (Matthieu 18.21-35).

Heureux aussi « ceux qui ont le cœur pur ». Ici Jésus met l’accent non sur la pureté cérémonielle ou rituelle qui était si chère à beaucoup de Juifs, mais à la pureté intérieure. C’est le péché, souvent caché dans le cœur, qui rend l’homme impur ou souillé devant Dieu. Mais le mot « pur » comporte aussi l’idée de ce qui est sans mélange. Un cœur pur est sincère, il n’est pas partagé entre deux amours contradictoires. C’est ainsi que Jacques 4.8 dit aux hommes irrésolus de se purifier le cœur. Il s’agit de ceux qui veulent suivre Dieu, mais pas de tout leur cœur. Une partie de leur cœur est consacrée aux choses du monde.

Le septième groupe de personnes heureuses est composé de celles qui procurent la paix, « les artisans de paix ». Jésus parle ici de la paix dans le sens de la bonne entente et l’harmonie entre les gens. Quand on considère les œuvres de la chair en Galates 5.19-21, au moins la moitié sont des péchés contre la paix avec le prochain (les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l’envie). Notre dévotion à Dieu ne sera pas acceptable si nous ne recherchons pas la paix avec les autres. « Ne rendez à personne le mal pour le mal… Autant que cela dépend de vous, soyez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez point vous-mêmes » (Romains 12.17-19).

La dernière béatitude est pour « ceux qui sont persécutés pour la justice ». Comme le dernier verset l’indique, la paix ne dépend pas toujours de nous. Il y a des situations ou les autres seront contre nous parce que nous cherchons à être bons et justes ou parce que nous sommes chrétiens. Nous sommes heureux malgré la persécution, même à cause de la persécution, mais à deux conditions : (1) que ce soit pour la justice, et (2) que nous restions fidèles dans l’épreuve, sans renier le Seigneur. « Que nul de vous, en effet, ne souffre comme meurtrier, ou voleur, ou malfaiteur, ou comme s’ingérant dans les affaires d’autrui. Mais si quelqu’un souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point honte, et que plutôt il glorifie Dieu à cause de ce nom » (1 Pierre 4.15-16).

Conclusion

Les attitudes recommandées dans les trois premières béatitudes correspondent donc aux conditions du plan du salut. Ce sont les pauvres en esprit qui voient leur besoin d’un Sauveur et qui acceptent de croire en Jésus. Ceux qui sont affligés par leurs péchés sont ceux qui sont prêts à se repentir de leurs péchés. Ceux qui sont doux se soumettent à Dieu dans l’obéissance à l’Évangile dans le baptême, et ils continuent de se soumettre dans une vie chrétienne fidèle.

Les trois béatitudes suivantes parlent des priorités que Jésus nous demande d’adopter. Faire la volonté de Dieu doit être la chose la plus importante de ma vie. Penser aux autres avant de penser à moi-même, c’est-à-dire exercer la miséricorde, doit aussi être un trait dans ma vie. Et troisièmement, je dois purifier l’homme intérieur, mon cœur, afin d’être entièrement agréable à Dieu. La pureté intérieure vient avant la pureté extérieure

Les deux dernières béatitudes m’enseignent que je dois chercher la paix non seulement avec Dieu, mais avec les hommes aussi. Cependant, je ne dois jamais renoncer à ma foi en Christ pour être en paix avec les hommes.

Êtes-vous une personne que Jésus appellerait heureuse ? Êtes-vous entré dans son royaume et cultivez-vous les qualités d’un bon citoyen de ce royaume ?

← L’article précédent
12. Jésus appelle ses apôtres
L’article suivant →
14. Le sermon sur la montagne (deuxième partie)