La mort de Jésus

Pourquoi Dieu aurait-il voulu que Jésus meure sur la croix ?

Il n’y a pas de raison valable pour nier le fait que Jésus fut mis à mort. Le Coran le soutient, les hadith ne le nient pas. Les prophètes l’avaient prédit. Les non-chrétiens l’ont confirmé. Et avant tout, ce fait est au cœur de l’Injil que Dieu, selon le Coran, donna au Messie, Jésus. L’idée répandue que la condamnation, l’humiliation et la crucifixion de Jésus auraient constitué un échec qui empêcha le Serviteur de Dieu d’accomplir sa mission est fausse – du moment où Jésus est ressuscité d’entre les morts, on ne peut plus parler d’échec. L’idée qu’Allah va forcément rendre tous ses apôtres « victorieux » en les délivrant du danger est fausse également – le Coran lui-même parle à maintes reprises des prophètes fidèles que les Juifs avaient tués et des martyrs musulmans qui ont donné leur sang pour la cause de l’Islam. Quant au verset du Coran que l’on prend pour affirmer que Jésus n’est pas mort sur la croix, il enseigne simplement que c’est Dieu, et non pas les Juifs, qui était à l’origine de la mort de Jésus. (Voir l’article « Jésus est-il réellement mort ? ».)

Mais la question demeure :

Pourquoi Dieu aurait-il voulu que Jésus meure sur la croix ?

Jésus lui-même a répondu à cette question : en Jean 10 il se comparait à un berger et ses disciples aux brebis. Il dit : « Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis… Le Père m’aime, parce que je donne ma vie, afin de la reprendre. Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la donner, et j’ai le pouvoir de la reprendre : tel est l’ordre que j’ai reçu de mon Père » (Jean 10.11,17,18). Dans ces versets, nous voyons que Jésus confirme que sa mort avait été ordonnée par Dieu – c’était bien Dieu qui l’avait voulue – mais il dit également qu’il obéissait volontairement à cet ordre de donner sa vie. Quand Jésus dit que le berger donne sa vie pour ses brebis, il indique que sa mort devait servir les autres. Il donnerait sa vie pour sauver ses « brebis ». En Marc 10.45 il ajoute un élément concernant sa mort pour les autres. Il dit : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. » Une rançon est le prix payé pour obtenir la vie ou la liberté d’un esclave ou un prisonnier. Jésus dit que sa vie servirait de rançon pour plusieurs.

Ces paroles de Jésus s’accordent bien avec les propos des prophètes qui l’avaient précédé. Dans un long passage écrit par le prophète Ésaïe il est affirmé très clairement que le Christ devait mourir. Il ne devait pas être sauvé à la dernière minute pour ne pas souffrir, pour ne pas connaître la honte. Non, selon le plan de Dieu, il devait mourir. Mais le même texte nous dit la raison de la mort du Christ :

« Il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous… Par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d’hommes, et il se chargera de leurs iniquités… il a porté les péchés de beaucoup d’hommes, et il a intercédé pour les coupables. » (Ésaïe 53.5,6,11,12)

On ne pourrait pas trouver de paroles plus claires, mais ne serait-il pas injuste de faire souffrir une personne à la place d’une autre ? Le coupable ne devrait-il pas être puni ? Dieu ne jugera-t-il pas chacun selon ses propres actions ?

Le Coran dit : « Ceux dont la balance est lourde seront les bienheureux ; et ceux dont la balance est légère seront ceux qui ont ruiné leurs propres âmes et ils demeureront éternellement dans l’Enfer » (Sourate 23 – Les croyants, ayat 102,103). En d’autres termes, il faudra, au jour du jugement, que le poids des bonnes actions l’emporte sur celui des mauvaises. La Bible semble parler dans le même sens quand elle dit en 2 Corinthiens 5.10 : « Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son corps. » Le Coran dit dans la Sourate 35 – Fatir, aya 18 : « Or, personne ne portera le fardeau d’autrui. Et si une âme surchargée [de péchés] appelle à l’aide, rien de sa charge ne sera supporté par une autre même si c’est un proche parent. » Et encore, la Bible dit en Romains 14.12 : « Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour lui-même. »

Certainement, Dieu jugera chacun de nous en fonction de ses choix et de ses actions. Mais encore, la Bible et le Coran s’accordent en affirmant que Dieu est miséricordieux et prêt à pardonner. Dans le Zabur David dit : « Car tu es bon, Seigneur, tu pardonnes, tu es plein d’amour pour tous ceux qui t’invoquent » (Psaumes 86.5). Dans le Coran nous lisons : « Demandez pardon à Allah. Car Allah est Pardonneur et Miséricordieux… Allah vous promet pardon et faveur venant de Lui. La grâce d’Allah est immense » (Sourate 2 – Al-Baqarah, ayat 199,268). La plupart des sourates du Coran commencent par les mots : « Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux ».

Que veut dire le mot « pardonner » ? N’est-ce pas acquitter, faire grâce, renoncer à punir, oublier ou faire comme si une faute n’avait pas été commise ? Qu’est-ce que la miséricorde ? N’est-ce pas la pitié qui pousse à pardonner au coupable ?

Évidemment il est donc possible que les mauvais choix et les actions pécheresses des hommes soient enlevés de la balance au dernier jour. Mais par quel moyen ?

La nécessité d’un sacrifice

Celui qui ne comprend pas profondément la justice de Dieu pourrait répondre qu’il n’y a pas besoin de « moyen » : Dieu est souverain, et s’il veut pardonner, il choisit simplement de le faire. Il dit : « Je pardonne », et la chose est faite – le péché est enlevé.

Oui, Dieu est souverain – il peut faire ce qu’il veut. Mais il est juste, aussi, et il refuse de compromettre sa justice, son intégrité. La Bible dit : « Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2 Timothée 2.13). Parce qu’il n’acceptera jamais de faire le mal, la Bible nous rappelle en Hébreux 6.18 qu’il est impossible que Dieu mente. Mais sa justice l’empêche aussi de regarder avec faveur les coupables. Le prophète Habacuc lui dit : « Tes yeux sont trop purs pour voir le mal, et tu ne peux regarder l’iniquité. Pourquoi regarderais-tu les perfides, et te tairais-tu ? » (Habacuc 1.13). Comme le patriarche et prophète Abraham a demandé un jour au Tout-Puissant : « Celui qui juge toute la terre n’exercera-t-il pas la justice ? » (Genèse 18.25). Être un Dieu de miséricorde et compassion et en même temps le Juge juste et saint qui examine et pèse les actions de tout homme présente un dilemme. Comment est-il possible d’être à la fois miséricordieux et juste ? Comment Dieu peut-il pardonner le péché et en même temps honorer ses saints commandements et les faire respecter ? Si un magistrat humain pardonnait aux coupables par favoritisme envers ses amis ou ses parents, ou parce qu’il avait reçu un cadeau, nous le traiterions comme étant indigne d’occuper son poste. Un juge a la responsabilité de faire appliquer la loi, de punir les coupables et de laisser aller les innocents. Comment Dieu serait-il un Juge juste quand il blanchit les coupables, quand la peine méritée n’est pas administrée ?

Voilà ce qui montre la nécessité du sacrifice pour le péché. C’est un concept connu de toute l’humanité depuis au moins le temps de Caïn et Abel, les fils d’Adam et Ève. Vous vous rappelez qu’Abel offrit à Dieu des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. C’est un concept qui existe certainement dans l’Islam. « Accomplis la Salat pour ton Seigneur et sacrifie » (Sourate 108 – Al-Kawtar, aya 2). « Et accomplissez pour Allah le pèlerinage et l’Umra. Si vous en êtes empêchés, alors faites un sacrifice… Et ne rasez pas vos têtes avant que l’animal à sacrifier n’ait atteint son lieu d’immolation… Et craignez Allah. Et sachez qu’Allah est dur en punition » (Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 196).

La Torah insiste souvent sur l’idée d’expier le péché, de faire apaiser la colère divine. Le péché ne devait pas rester impuni. Étant donné que « le salaire du péché, c’est la mort » (Romains 6.23), nous comprenons pourquoi le moyen prescrit pour l’expiation, c’était le sang sacrificiel. Dieu dit aux Israélites : « L’âme de la chair est dans le sang. Je vous l’ai donné sur l’autel, afin qu’il servît d’expiation pour vos âmes, car c’est par l’âme que le sang fait l’expiation » (Lévitique 17.11). L’Injil appuie ce principe en Hébreux 9.22, où il est écrit : « Presque tout, d’après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n’y a pas de pardon. »

Si donc Allah ordonna que les hommes offrent le sang des animaux pour expier leurs péchés, pourquoi aurait-il ordonné que son serviteur Jésus donne sa vie comme une « rançon pour plusieurs » ? La réponse se trouve quelques versets plus loin dans le passage que nous venons de citer : « Il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés » (Hébreux 10.4). Même si la Bible ne l’avait pas dit explicitement, nous aurions pu deviner cette vérité, n’est-ce pas ? En effet, en parlant de sacrifice, on reconnaît que l’homme pécheur mérite la mort – son propre sang devait être versé ; mais il demande à Dieu d’accepter le sang (la vie) de l’animal sacrifié à la place du sien. L’animal est substitué au coupable. Mais voilà le problème évident : la vie d’un animal n’est pas égale à la vie d’un homme. La valeur de son sang n’est pas suffisante pour racheter un être humain. Les sacrifices ordonnés par la Loi de Moïse servaient à enseigner le principe qu’il faut expier le péché et qu’un sacrifice pourrait, théoriquement au moins, ôter le péché et apaiser la colère juste de Dieu. Mais la vraie expiation exigerait le sang d’un être humain, du sang qui représente une vie de la même valeur (ou d’une plus grande valeur) que celle de la personne qui demandait pardon. Il faut reconnaître, pourtant, que le sang d’un homme pécheur ne ferait pas l’affaire. (Ce principe était représenté par le fait que l’animal à immoler devait être, selon la Loi, « sans défaut ».) L’homme qui a péché doit déjà payer de sa vie ; s’il est condamné à mourir pour son propre péché, il ne peut guère offrir sa vie à la place d’un autre condamné. Non, seul un homme libre, un homme sans péché, pourrait s’offrir à la place du coupable.

Voilà pourquoi Jésus est le seul homme qui aurait pu donner sa vie comme sacrifice pour les péchés.

Plusieurs passages de la Bible soulignent l’idée que Jésus n’a pas péché. En 2 Corinthiens 5.21 l’apôtre Paul écrit : « Le Christ était sans péché, mais Dieu l’a chargé de notre péché. » L’apôtre Pierre, aussi, affirme la même vérité : « Il n’a pas commis de péché ; on n’a jamais entendu de mensonge sortir de sa bouche » (1 Pierre 2.22).

Mohamed n’a pas essayé de prouver que Jésus avait commis du péché. Au contraire, nous voyons dans la Sourate 19 – Maryam, aya 19, que l’ange dit à Marie : « Je suis en fait un messager de ton Seigneur pour te faire don d’un fils pur. » Étrangement, cet état de pureté n’est attribué à aucun autre prophète dans le Coran.

Revenons à l’idée que Dieu est miséricordieux et désire accorder le pardon, mais qu’il est aussi le Juge de toute la terre et doit exercer la justice et faire appliquer sa sainte loi. Nous pouvons maintenant comprendre la solution à ce dilemme, une solution que la parole de Dieu déclare dans l’Injil en ces termes : « Tous ont péché, en effet, et sont privés de la présence glorieuse de Dieu, et ils sont déclarés justes par sa grâce ; c’est un don que Dieu leur fait par le moyen de la délivrance apportée par Jésus-Christ. C’est lui que Dieu a offert comme une victime destinée à expier les péchés, pour ceux qui croient en son sacrifice. Ce sacrifice montre la justice de Dieu qui a pu laisser impunis les péchés commis autrefois, au temps de sa patience. Ce sacrifice montre aussi la justice de Dieu dans le temps présent, car il lui permet d’être juste tout en déclarant juste celui qui croit en Jésus » (Romains 3.23-26, Traduction du Semeur).

Quand Abraham devait faire mourir son fils unique, Allah, dans sa grâce, est intervenu pour sauver la vie du jeune homme. Selon la Sourate 37 – As-Saffat, aya 107, Dieu dit, après avoir fourni un bélier pour le sacrifice : « Nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse. » N’est-ce pas une action prophétique de sa part pour symboliser ce qu’il ferait plus tard pour tout le monde ? Dieu lui-même fournit le sacrifice nécessaire pour sauver l’âme qui ne peut pas se sauver elle-même.

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