La mort de Jésus

Jésus est-il réellement mort ? (Première partie)

Les chrétiens catholiques et protestants attribuent trop souvent à Jésus des idées qu’il n’a jamais enseignées et qui ne se trouvent pas dans la Sainte Bible. La création de monastères, la cérémonie de confirmation, la confession des péchés au prêtre, et le sacrement des malades (l’extrême-onction) sont des exemples de pratiques non-bibliques, parmi tant d’autres. Ces pratiques, qui étaient inconnues des chrétiens pendant des siècles, sont maintenant devenues des éléments fondamentaux de la foi de millions de personnes, des éléments qu’elles ne mettent jamais en doute. Pareillement, la majorité des musulmans accepte certaines idées et pratiques comme articles de foi, sans soupçonner que ces idées n’ont pas été enseignées par celui qu’ils considèrent le dernier prophète d’Allah. On peut attribuer une partie de la division entre chrétien et musulman à ce phénomène : au cours du temps les hommes ont ajouté des doctrines qui les éloignent de la vérité et qui éloignent le christianisme et l’islam l’un de l’autre.

Nous savons tous que le message central du christianisme se base sur trois événements historiques : 1) Jésus-Christ est mort sur une croix ; 2) il a été enterré ; 3) trois jours après il est ressuscité d’entre les morts. La majorité des musulmans, par contre, nie la crucifixion de Jésus. Le fait-elle parce que Mohamed a réellement dit que la crucifixion n’a pas eu lieu ? Ou bien cette idée fait-elle partie des croyances qui ont été ajoutées beaucoup plus tard ?

Un verset clé du Coran

Quand nous interrogeons nos amis musulmans sur ce point, ils se réfèrent toujours au même verset coranique : la Sourate 4 – An-Nisa’, ayat 156-158. Dans ce passage Allah dit qu’il avait scellé le cœur des Juifs

« à cause de leur mécréance et de l’énorme calomnie qu’ils prononcent contre Marie, et à cause de leur parole : Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah… Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué. »

De très nombreuses explications ont été proposées pour ce passage. Certains disent qu’un ange protégea Jésus ou qu’il se cacha dans une niche dans le mur, alors que les soldats mirent les mains sur l’un de ses disciples, qui fut tué à sa place. D’autres disent que Simon de Cyrène, le passant juif que l’on obligea à porter la croix de Jésus y fut attaché plutôt que le Christ. Plusieurs, y compris le soi-disant Évangile de Barnabas, prétendent que Dieu changea l’apparence de Judas, le traître, et lui fit ressembler miraculeusement à Jésus pour qu’on le crucifie à sa place. En fait, même si les détails ne s’accordent pas, la plupart des explications comprennent l’idée que Dieu est intervenu pour changer l’apparence de quelqu’un et faire croire aux gens qu’ils crucifiaient Jésus, alors que c’était une autre personne. Ahmad Deedat, un musulman sud-africain qui a écrit un livre dessus, prétend que Jésus fut bien attaché à la croix, mais qu’il n’y est pas mort. Il dit que Jésus s’était évanoui et on a pensé, à tort, qu’il était décédé ; mais quand on l’a déposé dans la fraîcheur de la tombe, il s’est réveillé. D’autres encore disent qu’il n’y a même pas eu de crucifixion ; ils disent que des hommes ont inventé de toutes pièces l’histoire de la mort de Jésus.

Problèmes dans les explications habituelles

Toutes ces explications ont certains problèmes. Il y a, par exemple, un problème moral si nous disons que Dieu a employé la ruse ou la tromperie pour faire croire délibérément un mensonge. Dieu est parfaitement saint, pur et sans péché. La Bible dit clairement en Hébreux 6.18 : « Il est impossible que Dieu mente » et en Tite 1.2 : « Dieu ne ment point. » Il avait ordonné dans la loi de Moïse : « Vous n’userez ni de mensonge ni de tromperie les uns envers les autres » (Lév. 19.11). Lui qui dit à l’homme de ne pas user de tromperie, userait-il, lui, de tromperie avec les hommes ? Comment pourrait-on désormais lui faire confiance ? Loin de Dieu, le Dieu de Vérité – loin de lui l’idée de tromper des hommes et leur faire croire ce qui est faux. Vous vous rendez-compte que si Allah avait trompé les hommes pour leur faire croire que Jésus est mort sur la croix, il serait responsable d’avoir inventé l’une des doctrines fondamentales du christianisme. Il serait menteur et quelqu’un qui aide à commencer de fausses religions. Qu’il pardonne aux hommes d’avoir suggéré une telle chose. Dieu n’aurait pas employé sa puissance miraculeuse pour tromper des hommes. C’est Satan qui agit de cette façon. Ne déshonorons pas Dieu.

Mais peut-on croire que, sans intervention miraculeuse de la part de Dieu, on aurait pu crucifier et enterrer un autre à la place de Jésus ? Pendant qu’il était sur la croix il était reconnu par le centenier romain et ses soldats, les passants qui l’avaient entendu prêcher, les chefs des Juifs, et les deux brigands. Il y avait aussi ceux qui le connaissaient intimement : des femmes qui l’avaient accompagné depuis la Galilée, sa propre mère et son disciple Jean. Son corps devaient être facilement reconnaissable après avoir été enlevé de la croix, non seulement par son visage, mais aussi par les cicatrices de la couronne d’épines que les soldats avaient placée sur sa tête. D’ailleurs, Joseph d’Arimathée et Nicodème, qui l’ont enterré, ainsi que les femmes qui observaient quand on préparait le corps, connaissaient tous très bien Jésus. Sans tromperie miraculeuse, ils n’auraient pas pu prendre un autre pour lui.

Et que dire de l’idée d’Ahmad Deedat que Jésus a bien été crucifié, mais qu’il n’est pas mort ? Jésus se serait simplement évanoui et puis se serait réveillé plus tard dans la fraîcheur de la tombe. On aurait pensé à tort qu’il était mort, et quand on l’a vu vivant quelques jours plus tard, on aurait proclamé qu’il était ressuscité.

Soyons honnêtes et réalistes : Jésus était bien mort. Il avait été battu sévèrement par des experts avant sa crucifixion. Les soldats romains savaient parfaitement manipuler leurs fouets de cuir munis de morceaux de verre et de pierre tranchante pour meurtrir tout le corps et laisser la peau suspendue en rubans sanglants. Ils connaissaient bien leur méthode d’exécution, l’une des méthodes les plus cruelles jamais inventées par les hommes, une mort lente de douleur et de suffocation. Ils savaient bien déterminer si leur victime était morte. Et dans le cas de Jésus ils l’ont aussi percé d’une lance. « S’étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ; mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l’eau » (Jean 19.33,34). Ajoutons que Jésus fut enterré d’après la coutume juive : « Nicodème, qui auparavant était allé de nuit vers Jésus, vint aussi, apportant un mélange d’environ cent livres de myrrhe et d’aloès. Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de bandes, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs » (Jean 19.39,40).

Même si l’on suppose que Jésus n’était pas mort, mais qu’il s’était évanoui, comment aurait-il pu survivre pendant trois jours enfermé dans un sépulcre humide, sévèrement blessé, enveloppé de plusieurs mètres de bandes de tissu attachées avec presque 50 kilos d’aromates gluantes, sans nourriture, sans eau, sans soins quelconques ? Comment aurait-il eu la force de se dégager des bandes, rouler la pierre gigantesque devant l’entrée du sépulcre, se rendre maître des gardes, faire quelques kilomètres sur des pieds qui avaient été percés des pointes, et puis se présenter à ses disciples dans un état qui puisse les convaincre qu’il était le Seigneur de la vie ? La version de Monsieur Deedat ne tient tout simplement pas debout.

Aucun soutien dans les hadith

Au vu de l’opinion de la majorité écrasante de musulmans de nos jours, il est très intéressant d’apprendre que les deux recueils les plus réputés des hadiths, celui de Sahih al-Bukhari et celui de Sahih Muslim, sont absolument silencieux sur la question de la crucifixion. Ceux qui lisent les hadiths savent très bien qu’ils parlent souvent des questions que tel ou tel disciple du prophète lui posait et de ses réponses. Parfois les questions concernent le sens de tel ou tel verset coranique. Bizarrement, quand on pense à la divergence qui existe parmi les musulmans aujourd’hui sur le sens des 40 mots arabes qui composent aya 157 de la Sourate 4, parmi tous les récits conservés pendant les deux premiers siècles de l’islam, aucun ne décrit un disciple de Mohamed en train de l’interroger sur la crucifixion de Jésus ou sur le sens du verset. Cela veut dire qu’il n’y a pas vraiment de soutien crédible pour les explications habituelles que nous avons vues pour ce passage du Coran.

Résumons un peu :

  • Certains disent que Dieu substitua quelqu’un à la place de Jésus, mais ils ne sont pas d’accord sur qui était sur la croix – Simon de Cyrène ? Judas ? Pierre ? un Juif inconnu ? On ne sait pas.
  • Certains disent que ni Jésus ni quelqu’un qui lui ressemblait n’a été crucifié.
  • Certains disent que Jésus s’est échappé et qu’il est allé mourir en Inde des années plus tard d’une mort naturelle.
  • Certains disent que Jésus a été crucifié, mais il n’en est pas mort. Il s’est réveillé dans la tombe.
  • Certains disent que Dieu l’a enlevé au ciel avant qu’il ne soit arrêté, d’autres que ce fut quand il était en route pour être attaché à la croix, d’autres que ce fut des années plus tard.

Notre texte du Coran dit : « Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures. » C’est une description parfaite, non pas de ceux qui soutiennent le récit contenu dans l’Injil, mais de ceux qui nient la crucifixion.

Une autre explication du verset

Savez-vous qu’il y a une autre manière de comprendre le passage coranique que nous avons lu ? Il s’agit d’une explication donnée, non par des chrétiens mais par des érudits musulmans. Dans le contexte de la Sourate 4, aya 157, il s’agit d’un reproche adressé aux Juifs qui avaient rejeté les prophètes de Dieu, parlé contre Marie, et se vantaient d’avoir fait crucifier Jésus-Christ. En réfutant les Juifs, le Coran dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! » Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de crucifixion, mais que, même si elle a eu lieu, c’est Dieu qui en fut responsable. Les Juifs n’ont fait que ce que Dieu, le Tout-Puissant, leur a permis de faire pour accomplir son plan. La même sorte de langage se trouve dans la huitième sourate du Coran qui parle des actions des musulmans à la Bataille de Badr : « Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais : mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part ! » (Sourate 8 – al-Anfal, aya 17). Les fidèles musulmans ont, en fait, tué leurs adversaires, mais ce fut uniquement, selon l’idée de ce verset, avec l’aide et selon la volonté d’Allah. De même, les Juifs ont bien joué un rôle dans la mort de Jésus, mais c’est Dieu qui l’avait voulu et qui a fait que cette mort a eu lieu.

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