La mort de Jésus

Jésus est-il réellement mort ? (Deuxième partie)

Selon le Coran, les Juifs se vantaient en ces termes :

« Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah… Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué » (la Sourate 4 – An-Nisa’, aya 157).

Nous avons vu dans notre dernière émission, que la majorité des musulmans pense que ce verset coranique signifie que Dieu est intervenu de façon miraculeuse pour empêcher que Jésus soit mis à mort. Il aurait fait qu’une autre personne ait l’apparence de Jésus et soit crucifiée à sa place. Aucun des hadiths ne soutient cette interprétation, mais elle est très populaire, malgré qu’elle fait de Dieu un trompeur qui serait responsable de l’invention d’une doctrine chrétienne que les musulmans considèrent comme étant fausse.

Nous avons tiré l’attention de nos auditeurs sur une autre interprétation de ce verset dans le Coran. En effet, la phrase « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux semblant ! », ne signifie pas forcément que la crucifixion n’a pas eu lieu, mais qu’en fin de compte, les Juifs n’en étaient pas les responsables – c’est le Dieu souverain qui dirigeait les événements et faisait accomplir son propre plan. Ce ne serait pas la seule fois où Allah s’exprime de cette façon dans le Coran. Dans la Sourate 8 – al-Anfal, aya 17, il s’adresse aux musulmans qui avaient remporté une victoire à la bataille de Badr. Il leur dit : « Ce n’est pas vous qui les avez tués : mais c’est Allah qui les a tués. Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais : mais c’est Allah qui lançait, et ce pour éprouver les croyants d’une belle épreuve de Sa part ! » (Sourate 8 – al-Anfal, aya 17).

Quelle interprétation s’accorde mieux ?

Voyons si cette deuxième façon de comprendre le passage sur la crucifixion ne s’accorde pas mieux avec les faits.

Le caractère de Dieu

Nous avons déjà évoqué l’idée que l’on porte atteinte au caractère du Dieu totalement saint et juste si l’on prétend qu’il a usé de son pouvoir miraculeux pour tromper l’humanité et lui faire croire à un mensonge. Dire que Dieu a fait exprès pour égarer les gens de cette façon ne l’honore pas.

Le Coran

L’interprétation que nous avons proposée, selon laquelle la crucifixion a bien eu lieu, s’accorde mieux avec la façon la plus naturelle de comprendre d’autres versets dans le Coran. Par exemple, nous lisons dans la Sourate 19 – Maryam, ayat 33,34 que Jésus dit : « Que la paix soit sur moi le jour où je naquis, le jour où je mourrai, et le jour où je serai ressuscité vivant. » Compte tenu de ce qu’on avait prêché au sujet de Jésus depuis presque six cents ans, ces paroles seraient naturellement comprises comme une confirmation non seulement de la mort, mais aussi de la résurrection de Jésus. Elles contredisent certainement la version de ceux qui disent que Jésus fut enlevé directement au ciel sans passer par la mort quand les soldats arrivèrent pour l’arrêter.

Un autre passage qui s’accorde avec l’idée que Jésus est bien mort sur la croix se trouve dans la Sourate – Al-‘Imran, aya 55, qui dit : « (Rappelle-toi) quand Allah dit : Ô Jésus, certes, Je vais mettre fin à ta vie terrestre, t’élever vers Moi, te débarrasser de ceux qui n’ont pas cru et mettre jusqu’au Jour de la Résurrection ceux qui te suivent au-dessus de ceux qui ne croient pas. Puis c’est vers Moi que sera votre retour, et Je jugerai entre vous ce sur quoi vous vous opposiez. » Dans plusieurs traductions, le début de ce verset est rendu : « Ô Jésus, je te ferai mourir. » Ce n’était pas les Juifs qui étaient les vrais responsables de sa mort ; c’est Dieu qui l’avait voulu.

Les écrits des prophètes que Dieu avait envoyés auparavant

L’Islam enseigne qu’il faut croire aux prophètes que Dieu a envoyés dans le monde, tous les prophètes. Mais ceux qui prétendent que Jésus, le Messie, n’a pas été mis à mort ignorent ce que les prophètes avant Jésus avaient dit et écrit à son sujet. Ces messagers de Dieu ont prédit clairement son humiliation, sa souffrance et sa mort.

Lisez, par exemple, ce que le prophète Ésaïe écrit au sujet du Messie dans les chapitres 52 et 53 de son livre :

« Mon serviteur, dit le Seigneur, va obtenir un plein succès et recevoir les plus grands honneurs. La plupart, en le voyant, ont été horrifiés, tant son visage était défiguré, tant son aspect n’avait plus rien d’humain. Et maintenant bien des étrangers sont stupéfaits à son sujet, des rois ne savent plus que dire, car ce qu’ils voient n’a rien de commun avec ce qu’on a pu leur raconter, ce qu’ils apprennent est inouï. Qui de nous a cru la nouvelle que nous avons apprise ? Qui de nous a reconnu que le Seigneur était intervenu ? Car devant le Seigneur le serviteur a grandi comme une simple pousse, comme une pauvre plante qui sort d’un sol desséché. Il n’avait pas l’allure ni le genre de beauté qui attirent les regards. Il était trop effacé pour se faire remarquer. Il était celui qu’on dédaigne, celui qu’on ignore, la victime, le souffre-douleur. Nous l’avons dédaigné, nous l’avons compté pour rien, comme quelqu’un qu’on n’ose pas regarder…. Nous errions ça et là comme un troupeau éparpillé, c’était chacun pour soi. Mais le Seigneur lui a fait subir les conséquences de nos fautes à tous. Il s’est laissé maltraiter sans protester, sans rien dire, comme un agneau qu’on mène à l’abattoir, comme une brebis devant celui qui la tonde. On l’a arrêté, jugé, supprimé, mais qui se souciait de son sort ? … On l’a enterré avec les criminels, dans la mort on l’a mis avec les riches, bien qu’il n’ait pas commis de violence ni pratiqué la fraude. Mais le Seigneur approuve son serviteur accablé, et il a rétabli celui qui avait offert sa vie à la place des autres. » (Ésaïe 52.13-15; 53.1-3,6-10, FC)

Ce texte date de 700 ans avant la naissance de Jésus, et nous disposons d’un manuscrit, une vieille copie, qui précèdent la mort de Jésus de plus d’un siècle.

Le roi et prophète David, dans le Zabour, nous a donné les paroles du Messie qui décrit dans tous ses détails horribles la souffrance du crucifié.

Psaume 22.2,8,9,15-19 :

« Mon Dieu ! Mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné, et t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ? … Tous ceux qui me voient se moquent de moi, ils ouvrent la bouche, secouent la tête : Recommande-toi à l’Éternel ! L’Éternel le sauvera, Il le délivrera, puisqu’il l’aime… Je suis comme de l’eau qui s’écoule, et tous mes os se séparent ; mon cœur est comme de la cire, il se fond dans mes entrailles. Ma force se dessèche comme l’argile, et ma langue s’attache à mon palais ; tu me réduis à la poussière de la mort… Ils ont percé mes mains et mes pieds. Je pourrais compter tous mes os. Eux, ils observent, ils me regardent ; Ils se partagent mes vêtements, ils tirent au sort ma tunique. »

Le même sujet revient dans un autre passage du Zabour :

« Tu connais mon opprobre, ma honte, mon ignominie ; tous mes adversaires sont devant toi. L’opprobre me brise le cœur, et je suis malade ; j’attends de la pitié, mais en vain, des consolateurs, et je n’en trouve aucun. Ils mettent le fiel dans ma nourriture, et pour apaiser ma soif, ils m’abreuvent de vinaigre. » (Psaume 69.20-22)

Ces différents détails, nous les retrouvons dans les récits des témoins oculaires qui ont vu Jésus sur la croix.

Jésus, fils de Marie, qui était, bien sûr, un prophète lui-même, a prédit à maintes reprises qu’il serait arrêté, maltraité, condamné injustement, et mis à mort par les Romains. Il ajoutait, certes, qu’il ressusciterait d’entre les morts. Quand il était revenu d’entre les morts, il dit aux disciples :

« O hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât ainsi dans sa gloire ? Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait… Il leur dit : Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour. » (Luc 24.25-27,46)

Jésus lui-même a prédit ses propres souffrances et sa propre mort. Si cette mort n’a pas eu lieu, c’est qu’il n’était pas un vrai prophète. Or, le Coran nous dit le contraire.

Les témoignages historiques

En plus des prophéties dans la Torah, les prophètes et le Zabour concernant la mort du Christ, en plus des nombreux passages de l’Injil qui en parlent, il existe de multiples témoignages historiques par des non-chrétiens du premier et deuxième siècles qui confirment le fait de la crucifixion de Jésus.

L’historien romain du nom de Tacite, né en 58 après Jésus, écrit concernant les chrétiens : « Ce nom leur vient de Christ, que, sous le principat de Tibère, le procurateur Ponce Pilate avait livré au supplice. » L’auteur grec Lucien, né dans la province romaine de Syrie en l’an 120 se référa à Jésus comme « l’homme qui fut crucifié en Palestine parce qu’il introduisit dans le monde cette nouvelle secte ». Lucien dénonçait les chrétiens concernant « ce sophiste crucifié » sous les lois duquel ils vivaient. L’historien juif, Josèphe, le Talmud, l’écrivain romain Thallus – tous du premier siècle – attestent également de la crucifixion. Aucun de ces auteurs n’était chrétien, (la plupart étaient hostiles aux chrétiens). On ne saurait donc pas les accuser d’avoir intérêt à répandre une fausse doctrine pour soutenir les chrétiens.

Problème historique ou théologique ?

À vrai dire, la raison pour interpréter la Sourate 4, aya 157, de la manière que le fait la majorité des musulmans n’a rien à voir avec des preuves dans l’histoire, dans la Bible ou dans le Coran. On l’interprète comme on le fait à cause d’une préconception théologique. C’est-à-dire, avant de considérer le cas de Jésus, on se dit que Dieu ne permettrait pas à son serviteur de connaître l’échec ; or, on voit la condamnation, l’humiliation et la crucifixion de Jésus comme un échec qui l’aurait empêché d’accomplir sa mission. On pense qu’Allah va forcément délivrer ses apôtres du danger et les rendre victorieux.

Ceux qui pensent de cette façon oublient de nombreux passages dans leur propre Coran qui montrent clairement qu’Allah avait permis à beaucoup d’hommes justes, y compris ses prophètes, de mourir aux mains des rebelles et incrédules. En parlant des Juifs, il dit dans la Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 61 : « L’avilissement et la misère s’abattirent sur eux ; ils encoururent la colère d’Allah. Cela est parce qu’ils reniaient les révélations d’Allah, et qu’ils tuaient sans droit les prophètes. Cela parce qu’ils désobéissaient et transgressaient. »

Dans un autre passage il est écrit : « Ceux qui ne croient pas aux signes d’Allah tuent sans droit les prophètes et tuent les gens qui commandent la justice, annonce-leur un châtiment douloureux » (Sourate 3 – Al-Imran, aya 21).

Encore un autre dit :

« Certes, Nous avons donné le Livre à Moïse ; Nous avons envoyé après lui des prophètes successifs. Et Nous avons donné des preuves à Jésus fils de Marie, et Nous l’avons renforcé du Saint-Esprit. Est-ce qu’à chaque fois qu’un messager vous apportait des vérités contraires à vos souhaits vous vous enfliez d’orgueil ? Vous traitiez les uns d’imposteurs et vous tuiez les autres. » (Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 87)

(Voir aussi 3.112,181,183 ; 4.155 ; 5.70.)

De même, le Coran montre clairement que Dieu ne préserve pas toujours la vie de ceux qui se battent pour lui : « Et ne dites pas de ceux qui sont tués dans le sentier d’Allah qu’ils sont morts. Au contraire ils sont vivants, mais vous en êtes inconscients » (Sourate 2 – Al-Baqarah, aya 154. Voir aussi 3:169).

Comment dire alors que Jésus ne pouvait pas subir une mort douloureuse, tué par des hommes méchants ? Pourquoi tenir à une interprétation qui contredit le Coran, l’histoire et les écrits de tous les saints prophètes de Dieu ?

Conclusion

Si votre souci est de protéger l’honneur d’Allah, et que vous pensez qu’il serait déshonorant au grand Roi de l’univers d’admettre que des hommes mortels ont réussi à tuer son envoyé et, semble-t-il, mettre fin à sa mission, réfléchissez à cette question : Qu’est-ce qui glorifie Dieu davantage : Dire que Dieu a aidé Jésus à s’enfuir devant les hommes méchants, ou dire que Dieu a permis à Jésus de vaincre la mort en ressuscitant le troisième jour ? Qu’est-ce qui exalte davantage le Tout-Puissant : faire ce qui ressemble à un tour de magie pour tromper les hommes et aider Jésus à s’échapper à la mort, ou bien permettre à Jésus de mourir et puis le faire revenir à la vie trois jours plus tard ? Quelle preuve merveilleuse de la puissance de Dieu ! Proclamer la mort et la résurrection de Jésus ne fait pas du tout honte à Dieu. N’hésitons pas donc de reconnaître les faits, et de nous en réjouir.

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